Label VMF Patrimoine historique - Ile-de-France - Val-de-Marne

La Faisanderie est accolée à l’aqueduc Médicis, ou aqueduc des eaux de Rungis, qui fut construit sur ordre de Marie de Médicis, afin d’amener à Paris les eaux des sources captées à Rungis. Mis en service en 1623, l’aqueduc Médicis est toujours en fonctionnement. Il est propriété de la Ville de Paris et géré par la société Eau de Paris. Il est classé Monument Historique, et sa surélévation XIXème, conçue par l’architecte Belgrand, est inscrite à l’Inventaire des Monuments Historique.

L’histoire de la Faisanderie est étroitement liée à celle du château des Guises. Il existait un château vieux (actuelle ‘Maison des gardes’ à Arcueil). Le château neuf est probablement construit par André Huveau, seigneur de Maisse, après cession d’une propriété dite « en ruine », par le prieuré de Saint-Denis-de-l’Estrée, le 5 mai 1606. Il était  en pierre et brique, à la mode de l’époque. Huveau de Maisse était riche : il possède 68 « maisons » à Paris ainsi qu’un jardin à Arcueil, proche du domaine seigneurial.

En 1650, la seigneurie passe à la famille de Refuge (ou Reffuge) : Saule, puis son fils Pomponne, marquis de Refuge, seigneur de Précy et d’Arcueil, lieutenant général des armées du Roi, la détient à la fin du XVIIème siècle. Françoise de Brancas, princesse d’Harcourt, l’achète en 1692. Elle effectue de nombreux travaux d’envergure, car la propriété est en mauvais état. C’est probablement à cette période qu’est construite la Faisanderie.

Le château vit son âge d’or : les bâtiments proches de l’aqueduc sont entourés par un vaste jardin comportant parterres, surfaces boisées, galeries couvertes et escaliers. La Bièvre, canalisée, traverse le bas du domaine près du moulin, bordée des deux côtés par des parterres et des potagers. Ces jardins, restructurés et réalisés par Boisereaux, puis repensés par Le Notre, seront parmi les plus beaux jardins d’Europe.

Dès les années 1730, le prince est criblé de dettes, du fait des aménagements luxueux faits à Arcueil, autant dans sa demeure que dans le parc. En 1739, à sa mort, la propriété est peu à peu laissée à l’abandon. Le domaine revient à ses deux filles et se disperse. Les créanciers des Guise font vendre le domaine en 1752. La vente du domaine en ruine est assortie de l’obligation, pour le nouveau propriétaire, de détruire château et jardins dans les quatre ans (les motifs de cette décision restent obscurs). On rase le château principal et l’orangerie, on comble les bassins, on coupe des arbres. Pour des raisons encore inconnues, le château vieux (la Maison des Gardes) et la Faisanderie sont épargnées.

La dispersion définitive se fait durant le XIXème siècle et au début du XXème siècle. La « cité jardin de l’Aqueduc », ensemble immobilier du XXème siècle, sera construite à l’emplacement du château principal des Guise. De ce grand ensemble souvent peint aux jardins somptueux et aux nombreuses dépendances, il ne reste aujourd’hui que des fragments dont principalement la maison dite « des Gardes » (ou « le château vieux ») et la « Faisanderie ».

La qualité patrimoniale des éléments observés au sein de la propriété actuelle, et notamment son réseau de fontaines en cascade alimentées par le regard N°13 de l’aqueduc Médicis, rappelle l’envergure de la propriété.

La Faisanderie, devant son nom à un premier usage, devait faire partie intégrante des constructions et dépendances propres aux jardins. Elle a sans doute été aménagée à partir des premières constructions de terrassement des jardins exposés au Sud, comme véritable Faisanderie, c’est à dire une construction d’apparat où l’on élève et expose des volatiles rares : faisans dorés et argentés ainsi, souvent, que certains autres grands oiseaux d’ornement ou utilitaires : paons, faucons, …

Elle ne comportait qu’un seul étage monumental, de larges ouvertures et couverte par une toiture terrasse dans le prolongement de la terrasse principale. 

Dans la première moitié du XVIIIème siècle, probablement à la suite de la prise en main du domaine par Anne Marie Joseph de Lorraine en 1715, la Faisanderie fut transformée en maison d’habitation par division de l’étage existant en deux niveaux, adjonction d’un troisième niveau et rajout d’une toiture à 3 pans, comme elle demeure encore aujourd’hui.

Les bâtiments adossés à l’aqueduc à l’Ouest de la maison (vue en élévation sur la planche ciaprès – relevés de 1831), seront démolis quelques dizaines d’années plus tard pour dégager le pied de l’aqueduc et entreprendre sa surélévation par l’édification du second aqueduc, par Belgrand à la fin du XIXème siècle. C’est également à ce moment là que la maison principale est sapée sur sa façade adossée au Nord, dont le reculement de 1 mètre est exigé sous menace de démolition totale.