Depuis plus de quarante ans, grâce à la générosité et au soutien de nombreux mécènes, l’association de défense et de sauvegarde du patrimoine VMF organise un concours national des plus belles restaurations et mises en valeur d’édifices remarquables. Elle souhaite ainsi encourager la restauration du patrimoine privé sous toutes ses formes et dans tous les domaines. En 2022, une quarantaine de prix nationaux ont été remis pour plus de 215 000 €. Dans ce contexte le Prix Spécial du Jury VMF – « Jardin contemporain & patrimoine : réhabilitation », est décerné aux propriétaires du château de Lanfant pour valoriser la restauration de ses jardins. Ce prix consiste en la publication d’un article dans le magazine.

Au milieu du XVIIème siècle, Jean-Louis Lanfant acquiert de la famille d’Estienne du Bourguet une bastide au plan d’Aillane à coté d’Aix-en-Provence. Son fils Joseph va bâtir la propriété actuelle à laquelle il laisse son nom, et transforme cette simple bastide en château.

Orphelin de son père à l’âge de 16 ans, Joseph est élevé sous la tutelle de son oncle Simon de Lanfant, homme de grande culture au goût incontestable, qui a fait bâtir le pavillon de Lenfant au vallon des Penchinats, par l’architecte Pierre Pavillon et dont les peintures sont réalisées par Van Loo. Simon Lanfant est le principal agent de Louvois pour les Bâtiments du Roi dans le midi de la France, qui le charge de fournir des statues et sculptures pour le château de Versailles (notamment le Persée et Andromède de Pierre Puget, il est aussi chargé de l’acheminement de la statue équestre du Roi réalisée par Bernin, et fait également envoyer au Roi la Vénus d’Arles). Il va fortement influencer son neveu.
Entre 1690 et 1715, Joseph de Lanfant transfigure la bastide acquise par son père en un domaine digne du rang que sa famille a su atteindre dans la société aixoise et provençale de l’époque.
Joseph de Lanfant double le château d’une seconde travée de salon au midi. A l’ouest du château il bâtit un commun comportant une écurie et des remises suivies d’un chai. A l’étage, une magnanerie (élevage de vers à soie nourris de feuilles de mûriers sur des claies) suivie d’un logement sont aménagés. Au nord du château, sur le côté ouest, est construit un commun en équerre comportant un ensemble de cuves à vin. Sur certaines poutres des bâtiments qui sont à l’ouest ont peut lire, à côté du monogramme des charpentiers, la date de 1716, époque vraisemblable de l’achèvement des constructions. A l’est du château, est aménagé un jardin de fraîcheur assez commun en Provence, que l’on l’appelle salle verte, ombragé et abrité du mistral. Il est protégé des mauvais vents par des cloisons. Il est suivi d’un potager, d’une serre et d’un important colombier dans le prolongement duquel se trouve un grand verger. Au sud, Joseph de Lanfant aménage, sur à peu près quatre hectares, un jardin ordonnancé (dont il ne subsiste aujourd’hui que la partie centrale et des vestiges dans une prairie voisine). Les statues du parc sont pour certaines des ateliers de Puget et de Chastel.

Le château est acquis au début du XIXe siècle par les Pascal, l’une des grandes familles marseillaises d’industriels et financiers de l’époque. C’est de cette famille dont descendent les actuels propriétaires, les Saboulin Bollena. Ces derniers, jeunes repreneurs, œuvrent aujourd’hui à la restauration des lieux avec passion.

Le château de Lanfant a accueilli Antoine de Saint-Exupéry, mais également le général de Gaulle venu assister à une messe dans la chapelle…