Thématique : Activités Visites Lieux : Orne

Nous nous sommes retrouvés, une quarantaine de membres des VMF de l’Orne, devant l’église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche pour assister à la conférence de Madame Danielle Ferey – historienne – sur l’histoire de ce monument, livre ouvert sur le passé de la ville de Mortagne.

C’est dans l’enceinte du nouveau château-fort de Mortagne, « Fort-Toussaint » construit vers 1031, que fut érigée une chapelle qui devint ensuite une église paroissiale.

Le bâtiment, très endommagé lors du sac de la ville en 1356 par Geoffroy d’Harcourt et Thibault, Roi de Navarre, fut réparé en même temps que le château dans les premières années du XVème siècle.

À peine la restauration fut elle achevée que les anglais assiégèrent Mortagne après leur victoire de Verneuil en 1424. Lorsque les ennemis quittèrent la ville en 1449, il ne restait que des ruines.

La guerre ayant appauvri les finances de la ville, l’église ne fut reconstruite qu’à partir de 1492 après que les Mortagnais aient reçu par René, duc d’Alençon, l’octroi de lettres patentes autorisant la construction d’un nouveau bâtiment ecclésial achevée en 1535.

Marguerite de Lorraine, femme de René de Valois, comte du Perche et 3ème duc d’Alençon succéda dans le duché, à la mort de son mari en 1499, et prit la régence jusqu’à la majorité de son fils, Charles IV de Valois, déclaré majeur, le 9 octobre 1509.

Veuve avec trois enfants mineurs, Charles, François et Anne, la duchesse d’Alençon hérita d’un duché en piteux état après la guerre de Cent ans. Elle réforma en quelques années, l’administration et la justice, mit en œuvre une politique culturelle, développa l’économie et se consacra aux problèmes sociaux. Elle fut très aimée de ses sujets et se retira à Essay en 1513 pour mener une vie de solitude et de prières avant de créer le monastère des Clarisses à Argentan où elle mourut en 1522.

Son fils Charles IV épousa Marguerite de France dite Marguerite de Valois et devint par cette alliance, le beau-frère de François Ier. Il mourut à Lyon – le 11 avril 1524 – et sa veuve se remaria avec Henri II de Navarre.

Henri II, roi de Navarre et Marguerite de Valois autorisèrent les Mortagnais à construire le clocher de Notre-Dame, achevé en 1642 en remplacement de la tour du Beffroy jugée trop spartiate pour un bâtiment religieux.

L’église Notre-Dame connut des périodes de démolition durant les guerres de religion et les affres révolutionnaires puis de reconstruction.
En 1840, le chœur actuel fut achevé.

À l’issue de cette passionnante conférence, nous admirons entre autres quelques vitraux dont celui des « trois comtesses », Marie de Bretagne, femme de Jean III d’Alençon, Marguerite de Lorraine, et Marie d’Armagnac, mère de René d’Alençon ; trois femmes qui se sont illustrées par leur vie de piété et de charité envers les humbles.

Notre attention est attirée également par la pureté des piliers ornés de nervure sans chapiteaux qui supportent une suite d’arcades ogivales évidées en cannelures en prolongement de celle des piliers.

Notre visite se poursuit sous une pluie fine dans les jardins de la maison Henri IV située rue Toussaint. Enchâssée dans plusieurs bâtiments, la bâtisse, construite à la fin du XVIème siècle s’appuie sur l’une des trois portes de l’ancienne enceinte du Fort Toussaint.

Nous sommes aimablement accueillis par son propriétaire, Monsieur Léon Guérini, qui nous présente sa demeure. Le logis, de forme rectangulaire est flanqué d’une tour carrée à cinq niveaux qui domine les toits. Le rez-de-chaussée et l’étage sont soulignés par des corniches de pierres sculptées (larmiers) qui forment l’encadrement supérieur des fenêtres. Celles-ci ont malheureusement perdu leur meneau mais le bandeau inférieur des fenêtres qui imite les triglyphes grecs (ornements de l’architecture antique) offre une élégante harmonie à la façade.

Nous sommes invités à visiter le salon de la maison où dit-on Henri IV y aurait couché puis nous quittons nos hôtes pour rejoindre, l’hôtel de Fontenay, dernier fleuron de notre visite.

Bruno de Coupigny, bénévole délégué à la Maîtrise d’ouvrage et missionné par Monseigneur Habert, nous reçoit dans la cour d’honneur et nous détaille le projet de restauration du bâtiment, destiné à la prochaine installation de prêtres de la Communauté Saint-Martin.

La bâtisse, du XVIIIème siècle, fit partie intégrante des fortifications du Fort de Toussaint érigé au XIIIème siècle. La construction actuelle date de 1710. Marie-Anne Philippe de Beuville, née en 1714, en hérita de son père, Jacques, maître particulier des Eaux et Forêts de Mortagne, mort avant 1737. Par son mariage, le 30 mai 1737 avec René-Denis de Fontenay, page de la Grande Ecurie du Roy, la maison prit le nom d’« Hôtel de Fontenay » et subit des remaniements dans l’esprit Louis XV rococo de l’époque. La façade côté cour en est le vivant témoignage. Celle-ci est encadrée de deux tourelles et surmontée d’une haute couverture en tuile. L’entrée couverte d’un fronton est percée de portes fenêtres et de fenêtres richement décorées de motifs Louis XV.

Monsieur Vincent Lebel nous fait découvrir ensuite l’aspect architectural de l’hôtel, côté jardin et nous sommes surpris des différentes époques de construction dont les parties les plus anciennes semblent remonter à la fin du XVIème siècle (pente des toits, anciennes ouvertures, une aile arrière renfermant un escalier dit « à la Française »).

Nous nous promenons ensuite dans les différentes pièces de la maison où nous apprécions les espaces qui seront réservés aux prêtres avant de conclure cette belle visite par un verre amical offert par Monsieur Bruno de Coupigny et son équipe.