Thématique : Visites Lieux : Indre-et-Loire

Fil, ruban ou cordon de soie…au fil du temps!

Mardi 25 avril 2023                                                    Fil, ruban ou cordon de soie… au fil du temps !

Si la Touraine s’offre le privilège d’avoir accueilli les rois, qui savaient apprécier la douceur de son climat et la majesté de la Loire , elle recèle d’autres secrets que les modes de pensée contemporains mettent à nouveau à l’honneur : la culture du mûrier et son utilisation y furent en effet dès le XVème siècle une des industries en vogue.

Le mûrier, originaire de Chine, fut introduit en France par l’Italie et l’Espagne , et le roi Louis XI, dont on fête le 600ème anniversaire cette année, souhaita éviter la dépendance avec l’Italie en encourageant le 12 mars 1470 l’élevage de « l’arbre d’or » en Touraine : la soie est caractérisée par son origine animale, à l’inverse du coton ou du lin,  matières naturelles d’origine végétale, et l’élevage du « Bombyx mori » ou « arbre à soie » fit donc de Tours la capitale de la soie, avec un développement rapide, grâce à l’intérêt que lui accordèrent les ministres successifs. Plus tard, Henri IV encouragea l’art « de faire la soye » par la plantation dans le royaume de mûriers ; au XVIIIème, le principe de forcer la nature par l’introduction et l’investissement de cultures nouvelles, en y intéressant le clergé, la noblesse et les paysans fit de la sériciculture une véritable « muriomanie » tandis qu’au XIXème siècle, la concurrence lyonnaise et le prix élevé des matières premières seront les principales du déclin de l’industrie tourangelle… mais le XXIème siècle n’a pas dit son dernier mot !

C’est au cours de la visite des ateliers de la maison Roze, créée en 1660, qui connut 12 générations, que la délégation VMF d’Indre-et-Loire a découvert la résurgence de l’intérêt pour cette industrie, qualifiée de « patrimoine vivant » par les responsables des domaines publics de Touraine.

Le nouveau propriétaire de l’entreprise, Arnaud Lebert, nous décrivit les activités des soyeux qui concernent aussi bien des programmes d’ameublement, de décoration intérieure que des tapis, s’ajoutant à la production des tissus, dont les partenaires professionnels sont des décorateurs qui travaillent dans le domaine public et privé. L’entreprise compte 12 salariés, 4 tisseuses ; son chiffre d’affaires réalisé est de 1 million d’euros, la clientèle  vivant majoritairement à l’étranger.

 

Le principe de «  0 déchet », dans le cadre du recyclage, incite les responsables scientifiques de l’entreprise à transformer les teintures qui deviendront à terme végétales ; les procédures, adoptées dans les ateliers, installés à Saint Avertin, concernent en premier lieu la vérification des matières premières qui proviennent de plusieurs pays ; puis les cônes, dévidés, pour les adapter aux dimensions voulues, sont mis sur les rouleaux, soit 10 à 14000 fils alignés ainsi installés sur le métier pour fabriquer la chaîne.

La qualité exceptionnelle des exemples de réalisations en cours sont admirés par tous, petits et grands, comme des drapeaux réalisés pour l’armée française ou d’autres commandes faites par des domaines publics, en Ile-de-France.

 

 

C’est au château d’Amboise que nous découvrons l’après-midi les prémisses d’un regain d’intérêt pour cet élevage, avec la plantation de mûriers, dont  100 arbres à terme, dans un champ que surplombent les murs du château, du côté nord ; le partenariat établi avec l’université de Tours permet d’espérer qu’aboutissent les nouveaux modes expérimentaux arrêtés ces dernières années, avec l’intitulé du patrimoine végétal  qui présente d’autres aspects comme la production de la carotte à Villandry ou la tomate à la Bourdaisière.

Les feuilles de mûrier constituent la nourriture des vers à soie ; son cycle de vie dure un mois, période pendant laquelle il mue 4 fois et se nourrit de 1,3 tonnes de feuilles. En fin de cycle, il devient une chrysalide, puis  apparaît le cocon, qui donnera le fil de soie ; la séricine est la matière qui entoure le cocon.

Le nom de « magnanerie » en Touraine vient de l’occitan « magnan » qui signifie vers à soie, et nombreuses ont-elles été  dans la région de l’ouest,depuis le Val de Loire jusqu’à Orléans ! …

 

Nos usommes accueillis par Mme Hervé, qui nous parle de l’évolution de la restauration de la chapelle Saint Hubert puis nous partons visiter le château.

 

Le plan dessiné par Jacques Androuet du Cerceau montre l’ampleur de la structure dont il ne reste actuellement que quelques vestiges qui figurent  sur le plan en couleur sombre ;  dans la chapelle Saint Hubert, en pleine campagne de restauration est enterré Léonard de Vinci, arrivé en Touraine, à la demande du roi François Ier.

 

Ce château a le privilège de dominer la ville, par son implantation sur un éperon rocheux, et la présence romaine montre l’intérêt de sa situation que les propriétaires successifs sauront mettre en valeur. Son histoire est jalonnée d’évènements heureux : l’enfance de François et de sa sœur Marguerite, qui logèrent dans le logis royal construit par Louis XII, avec leur mère, Louise de Savoie, ou encore la venue de Léonard de Vinci, invité par François Ier,  dont la présence royale, pendant  quelques années au château est soulignée par deux portraits exposés au rez-de-chaussée; mais aussi des moments tragiques, avec la conjuration d’Amboise, en 1560, ou bien la transformation en prison, où furent notamment assignés à  résidence Nicolas Fouquet au XVIIème siècle, et Ab El-Kader au XIXème. Louis-Philippe vint y loger, et dans les chambres du second étage sont exposés des portraits de sa famille.

Sur la façade ouest, on accédait au château par la tour des Minimes et la tour Heurtault  aux pentes douces, qui permettaient aux chevaux et aux équipages d’accéder au château; au cours de la visite du logis royal, on nota avec amusement le nom et la fonction de la salle des « tambourineurs », ancienne chambre à parer des Valois, ou bien la salle de l’échanson, l’antichambre de la cordelière…chacune possédant une décoration soignée, avec des tapisseries des Flandres, ou d’Aubusson, des meubles de style gothique, des coffres, des tables à l’italienne, avec plusieurs rallonges…  ou encore des besaces et des bâtons de pèlerins rappellant qu’Amboise était située sur la voie des pèlerinages de Saint Martin puis de Saint Jacques.

 

La promenade sur la terrasse de Naples puis dans le parc entretenu avec soin par une équipe de jardiniers qui taillaient les buis nous permit de rêver au destin de ce lieu qui vécut tant de péripéties avant que d’être confié à la Fondation Saint Louis par le comte de Paris en 1974. Le goûter, servi dans la salle des Lys, permit aux enfants de faire connaître aux adultes toutes les activités ludiques qui les avaient bien occupés au cours de la journée ; on se quitta avec regret, tant la journée avait été riche en découvertes .