Thématique : Visites Lieux : Corse
Madame Vannina Schirinsky, conservatrice-restauratrice nous a tout d’abord rappelé l’historique de la bibliothèque édifiée en 1868 pour faire suite au projet du cardinal Fesch et dans le but d’abriter un riche et important fonds provenant de legs successifs :
- Lucien Bonaparte, frère de Napoléon, dota la bibliothèque de plus de 12 000 livres provenant des confiscations révolutionnaires effectuées aux dépens de la famille royale notamment. Son intérêt personnel le porte vers des ouvrages élevant l’esprit et enrichissant l’homme, en accord avec les valeurs franc-maçonnes : sciences, philosophie, traité d’égyptologie…
- Le legs du cardinal Fesch riche de plus de 8 000 livres, comporte notamment les incunables et des manuscrits rares et précieux, ou l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Mais d’autres donateurs vont encore enrichir ce fonds : le prince Roland Bonaparte, Louis Campi, Dorothy Carrington…
Au total la bibliothèque compte plus de 40 000 volumes et la majestueuse salle patrimoniale qui les abrite est classée Monument Historique depuis 1986.
Madame Vaninna Schirinsky nous a présenté un échantillon des trésors contenus dans la bibliothèque Fesch, en commentant chacune de ces éditions rares, qui ne sont présentées au public qu’en de rares occasions en raison de leur fragilité et qui ne sont manipulés que par les personnes habilitées à ce travail : Par exemple un exceptionnel Thésaurus hyéroglyphicorum qui a appartenu à Colbert et dont on ne compte que 8 exemplaires au monde, ou encore un livre édité par un père jésuite envoyé en mission en Chine au XIXème siècle et qui a reproduit des oiseaux sur gravures colorisées au pochoir avec un raffinement et une précision remarquable (fig 1).
Du XVIème siècle également un ouvrage pour lire les lignes de la main, savoir très en vogue à la cour de Catherine de Médicis ou encore un traité sur les fontaines accompagné de calculs techniques, par exemple un jet d’eau faisant jouer un orgue, datant lui du XVIIème siècle de Salomon de Caus architecte paysagiste.
Notre attention a ensuite été attirée sur un traité des jardins datant du XVIème siècle et qui représente en particulier des labyrinthes, imprimé sur un papier d’excellente qualité provenant d’Italie, les maîtres en ce domaine, ce savoir-faire ayant été transmis par les Sarrasins. La couleur orangée provient d’un pigment à base de cyanure, ce qui rend dangereuse sa manipulation (fig 2).
Parmi les documents sortis de l’oubli par Madame Schirinsky, nous avons pu admirer des lettres de l’Impératrice Marie-Louise, de Joséphine de Beauharnais, une lettre exceptionnelle par sa rareté de Madame Mère à son fils Lucien ou encore des comptes rendus de batailles de la main de Napoléon Ier.
La bibliothèque compte un exemplaire de « la chronique de Nuremberg », un des plus célèbre incunable datant de 1493, et qui consiste en une histoire du monde, de la création aux temps contemporains (XVème siècle), connu pour la beauté de ses illustrations (fig 3) provenant de l’atelier de gravure de Michael Wolgemut, maître de Dürer.
Issue de la collection de Lucien Bonaparte et en accord avec ses sujets de prédilection un traité de la sagesse universelle datant de 1656 ou les onze atlas de Blaeu ainsi que les huit tomes de Jansoons (fig 4), ont permis a chacun de se faire une idée de la diversité, de la richesse et de la rareté de certains volumes de la collection Fesch.
Mais c’est avec la présentation de deux ouvrages de Gustave Eiffel, l’un de calculs, l’autre de schémas descriptifs de la tour Eiffel, dont il n’existe que quelques exemplaires au monde que s’est terminé cette visite exceptionnelle.