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Dans les entrailles de la Touraine
Cette journée estivale du 19 août nous emmène au sud est de la Touraine, dans une visite inédite où nous passons presque plus de temps sous terre que sur terre ! En effet, les conflits de la Gaule romaine, de la guerre de Cent ans ou des guerres de religion, importants dans cette région, obligèrent les hommes à se défendre, s’enfuir ou survivre contre les assaillants par des chemins dérobés…
Nous-nous retrouvons à La Celle-Guenand pour visiter l’église Notre-Dame des XIIème-XIIIème siècles, grande gagnante du Loto du Patrimoine de la Fondation Bern. La façade, en cours de restauration, est typiquement romane. À l’intérieur, Monsieur Marc Alibert – architecte des Bâtiments de France – nous fait observer la grande nef unique, le transept aux deux absidioles et le chœur terminé par une abside semi-circulaire répondant au plan de croix latine, ainsi qu’une rare coupole ovale, à huit pans sur trompes.
De l’autre côté de la rue, s’élève le château de La Celle-Guenand où Monsieur Palluel, le propriétaire des lieux, nous accueille aimablement pour nous montrer cette double forteresse des seigneurs de La Celle-Drahon et de La Celle-Guenand, qui domine le coteau de Rémillon. L’ensemble du château du XVème siècle, qui subit des aménagements au cours des XVIIIème et XIXème siècles, est un quadrilatère régulier flanqué de tours aux angles. Deux corps de bâtiments occupent les côtés sud-est et sud-ouest. À la fin du XVème siècle, le château fut agrandi par une nouvelle cour au sud-est des fossés, comprenant des communs, un corps de galerie ainsi qu’un châtelet d’entrée.
Les seigneurs surent creuser la roche pour en faire, d’une part, des carrières pour construire le château et, d’autre part, pour se défendre en créant, sous le château, un vaste réseau de couloirs et de salles servant de souterrain-refuge.
Nous terminons notre visite, dans cette jolie localité fleurie, par le quartier de la Juiverie dont de belles maisons de familles juives furent construites aux XVIème et XVIIème siècles sous la protection du seigneur de La Celle-Guenand.
La visite se poursuit à Paulmy où se dresse, sur un éperon, le château du Châtelier doté d’un donjon et entouré d’une enceinte. Il fut construit entre le XIIème et le XVIIème siècles.
Nous y sommes reçus par les propriétaires, Monsieur et Madame Lemaîstre, pour le déjeuner dans « la Grange aux Protestants » où Madame Christine de La Croix-Vaubois a fait préparer un excellent repas pour un certain nombre de participants, pendant que d’autres déjeunent à l’ombre d’un superbe cèdre du Liban.
M. Lemaîstre et son fils nous présentent ensuite le corps du logis datant au nord du XVème et XVIème siècles et au sud du XVIIème siècle. Ce lieu, comme en témoigne « la Grange aux Protestants », dont les murs ont deux mètres d’épaisseur, fut le témoin des guerres de Religion en Touraine. En 1569, lorsque les catholiques du château de Paulmy, prirent possession de la forteresse des huguenots du Châtelier, ils la trouvèrent vide, les assiégés ayant fui par les souterrains !
L’après-midi est consacrée au château de Betz, où nous attendent Monsieur et Madame Deckers, récents acquéreurs du site et qui font une restauration remarquable et très importante. Comme nous sommes 125 membres à visiter les lieux, deux groupes permutent pour visiter la commune et le château. Un travail de restitution mené par la mairie de Betz et le Conseil général permet de reconstituer l’implantation humaine depuis le temps du paléolithique ancien, du néolithique, de l’époque gauloise et gallo-romaine puis mérovingienne avec l’édification d’une motte médiévale au Haut Moyen-Âge, sous la houlette de Monsieur Gauthier, historien.
Il ne reste de l’imposant château de Betz que deux puissantes tours encadrant un corps de logis de quatre étages dont l’une d’elle garde les traces d’un pont-levis.
Nous sommes invités par Monsieur Deckers à le suivre dans les souterrains, sous l’œil subjugué des enfants, pour déceler des couloirs, des escaliers, des salles, nantis de systèmes de guerre complexes… Ce réseau exceptionnel en Europe montre les divers usages, suivant les époques, de ces galeries profondes : une salle circulaire percée de petits trous de boulins pourrait être une nurserie de vers à soie d’une magnanerie !
Après la visite d’une petite chapelle dans le château où des fresques médiévales ont été décapées, M. et Mme Deckers nous invitent à un goûter pour clôturer cette journée pleine d’aventures et exceptionnelle, dans une douce ambiance de soir d’été tourangelle.