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>  Depuis 1887, le  collège de l’Immaculée-Conception s’est établi autour d’une belle villa de style palladien, où se tinrent à partir de 1838, beaucoup de soirées mondaines à but caritatif auxquelles participèrent Franz Liszt et le poète Jasmin. Plus tard, elle hébergea de riches hivernants.

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Le collège Saint-Dominique, appelé aussiLe Petit Chantilly, domaine équestre incontournable depuis le milieu du XIXè s, s’est enrichi en 1904 d’une élégante villa d’allure anglo-normande, la villa Beverly. Le site accueille aujourd’hui les élèves de l’institut catholique Saint-Dominique.

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LA VILLA LONCHAMP ou Collège de l’Immaculée Conception

En 1838, Sarah Fitzgerald, riche Irlandaise titrée, achète la maison de maître qu’un certain M. Plaa, propriétaire, ex- aubergiste, avait fait construire en 1816 dans un parc de 4 ha, et elle transforme la bâtisse en villa de style néoclassique.

Elle fait planter un parc avec des essences provenant des colonies. C’est la « Villa San Miniato », avec ses fleurs de lys – blason de la ville de Florence – et des réminiscences des armoiries familiales (sur la balustrade et les crémones).

Miss Fitzgerald y attire des officiers de l’Armée britannique – plutôt irlandais (catholiques), ou écossais, des aristocrates de Grande-Bretagne et d’Espagne; plus tard, après la ruée vers l’or et la Guerre de Sécession, donc après 1864, arriveront des Américains enrichis, ainsi que des aristocrates français après 1870, de riches Russes blancs émigrés dès 1917, très souvent cavaliers ou anciens militaires, en recherche de mondanités, ou d’une meilleure santé. Cette installation de Miss Fitzgerald, dès 1838, marque le début d’une vie inconnue pour les Béarnais d’alors : un Eldorado inespéré pour une population souvent obligée d’émigrer depuis deux siècles, voire trois, tant les ressources locales étaient limitées.

Pour les plus valides des hivernants, la ‘season’ s’articulait autour de ‘tea’, golf, tennis, ‘parties’, chasses à courre, courses hippiques, bals, jeux divers ou concerts, avec, à la clef, des bénéfices non négligeables pour les bonnes œuvres de la Dame.
Franz Liszt viendra y jouer en octobre 1844. Pour les malades du typhus ou de la tuberculose, mais aussi pour les victimes du ‘spleen’ romantique, ces festivités étaient d’un grand réconfort; elles s’ajoutaient aux vertus du thermalisme et des promenades dans les parcs ou sur le Boulevard des Pyrénées.

En 1854, dix ans avant la mort de Miss Fitzgerald, son majordome rachète en viager la propriété à bas prix. Il l’appelle la « Villa Olympia », du prénom de sa fille naturelle (?), femme de chambre, Olympe Métereaux. La Villa est louée à des résidents fortunés, qui souhaitent partager la vie festive à Pau, ainsi que les parties de chasse à courre de la ‘gentry’. Le Maréchal Bosquet y séjournera de 1858 à 1860.

En 1874, la propriété est rachetée par un éminent personnage : Pascual de Bourbon des deux Siciles, Comte le Bari, 11e enfants du roi des deux Siciles, et frère du dernier Roi de Naples. Elle deviendra le «Château Bari ». Son écurie et sa meute étaient célèbres; elles rallièrent, après de fines tractations celles du Pau-Hunt, ce qui rassura la communauté britannique et américaine qui menaçait de migrer vers Biarritz ou Nice si leurs prérogatives n’étaient pas sauvegardées.

Tous les maires de cette époque surent ménager leurs hôtes fameux et accéder à leurs desiderata, pour le bien de la cité.

Les ressources du Comte n’étaient pas inépuisables. II lui fallut quitter Pau, et le château fut vendu aux enchères. Trois Palois, Messieurs Hézard, Demange et Lagarde, l’achètent, le rebaptisent « Villa Longchamp » et revendent la propriété, deux ans plus tard, à la Société Anonyme d’Education Chrétienne du Collège de l’Immaculée Conception.

Le Collège, trop à l’étroit dans le couvent des Franciscains, 16 rue Bié-du-Basque (actuellement, rue Michel-Hounau), où il se trouvait depuis sa création en 1884, (les religieux avaient été chassés de France) s’installe à Longchamp à la rentrée 1887.
Pendant les grandes vacances, les écuries avaient été transformées en salles d’étude; les logements des domestiques, à l’étage, en dortoirs.

Une nouvelle ère commençait.

LE MONUMENT AUX MORTS
Le monument, prévu au départ pour commémorer les 58 jeunes anciens élèves morts à la Guerre de

14-18 – auxquels il faut ajouter le fils du Maître d’Escrime et un professeur d’Histoire intérimaire – comporte également les noms d’autres anciens morts au cours d’autres conflits.

La stèle est l’œuvre d’Ernest Gabard, ancien élève (1889-1895). L’inauguration du monument aux morts eut lieu le dimanche 19 octobre 1924.

La stèle, en pyramide carrée que couronne un plein cintre, représente « une Vierge, auréolée de gloire, tenant dans ses bras, abrité sous son manteau de mère, un poilu immobilisé par la mort, dont le dernier regard reste fixé sur le visage de la Mère ».

Au-dessous, sur une plaque de marbre, l’épigraphe en grandes lettres d’or : Semper Patriae Heros, Semper Mini Filius (Toujours pour la Patrie un héros. Toujours pour moi, un enfant)

LA CHAPELLE
La Chapelle fut édifiée dès l’installation du Collège dans la propriété Longchamp.

Quoique encore inachevée, elle fut bénie le 12 octobre 1887. Au début, il s’agissait d’une construction rectangulaire, sans le chevet semi-circulaire que nous connaissons aujourd’hui.

La nef était de la largeur actuelle, mais moins longue et surmontée, au fond, d’une tribune à laquelle avaient accès les parents des élèves de la Communion Solennelle. Au milieu, sur le côté gauche, des niches où se tenaient, sur des estrades, le Préfet de Discipline et des prêtres surveillants.

Dans la partie supérieure de la nef, on prépara des panneaux blancs destinés à accueillir les douze toiles marouflées commandées à René-Marie CASTAING, ancien élève (1903-1912) et Premier Prix de Rome en 1924, pour représenter les Mystères joyeux, douloureux et glorieux de la Vierge.

Le peintre mourut en 1943 avant d’avoir achevé son œuvre et ne put livrer que trois des douze toiles : La Résurrection ou Alleluia, (1938), et La Crucifixion ou Consummatum est (1940), sur le mur Nord et La Présentation au Temple ou Oblatio et Hostia (1939) sur le mur Sud. Une 4eme toile, L’Ascension ou Ascendit Deus était en préparation, mais ne put être réalisée.

Jacques CASTAING, frère de René-Marie, avait entrepris le décor du chœur de la chapelle en peignant le Couronnement de la Vierge, auquel assistait, dans la partie inférieure, une partie du Collège. Il reprenait là une idée de son père Joseph, professeur de dessin au Collège. Cette peinture a malheureusement disparu dans les années 90.

LA GROTTE

L’érection de cette Grotte, inaugurée le 8 Mai 1889, correspond à l’un des deux vœux que fit le Supérieur pour remercier la Vierge de Lourdes d’avoir épargné le Collège. En effet, pendant l’hiver 1887-1888, roséole, rougeole et scarlatine frappèrent, à des degrés divers, pratiquement tous les élèves du Collège.

Le 9 novembre 1887, le Supérieur fit un premier vœu : celui d’élever dans le parc du Collège un fac- similé de la Grotte de Lourdes «si Dieu accorde que, dans l’année, nous n’ayons pas à licencier le Collège».

L’autre vœu fut celui d’aller avec tout le Collège en pèlerinage à Lourdes le jour de l’Ascension. Document élaboré dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine • 21 Septembre 2019 –