Lieux : 0
Cap sur le Quercy cette année, avec un programme restreint mais d’une exceptionnelle qualité.
L’intense chaleur a sans doute dissuadé quelques adhérents de se rendre assez loin de leurs bases, mais nous retrouvons des effectifs comparables à ceux d’avant la pandémie…
Nos hôtes successifs ont tout fait pour nous accueillir dans les meilleures conditions possibles et nous permettre de profiter, à chaque fois, d’intérieurs tout aussi intéressants que la qualité bien connue du bâti lotois. Et, également, pour compenser autant qu’ils le pouvaient les effets de la canicule.
Un buffet-café nous attendait donc à Nadaillac de Rouge, où M. et Mme Bertrand de Nadaillac nous ont fait les honneurs de leur très bel ensemble castral, majestueusement précédé au Sud d’une double rangée de communs parfaitement restaurés, comme l’a été il y a un demi-siècle le château lui-même. Situé sur une pente qui se déploie indirectement vers la Dordogne toute proche, ce fut un repaire rapidement étendu à ce que nous voyons aujourd’hui, sur plusieurs étages distribués par une élégante tour d’escalier. Abandonné au XVIIIeme pour la Cour par ses propriétaires éponymes, Nadaillac a été ré-occupé par les parents des propriétaires à la fin du siècle dernier, restauré et meublé. Nous avons eu la chance d’être les témoins de ce travail poursuivi par l’actuelle génération.
Classée, la petite église de Nadaillac était autrefois la Chapelle du château. Elle en conserve plusieurs traces, à commencer par des litres et des dalles funéraires. C’est un monument qui, lui aussi, avait beaucoup souffert mais que des campagnes de restauration successives ont maintenant sauvé.
Restaurant comme lieu de pique-nique étaient à deux pas, au bord de l’étang de Lamothe Fenelon, dont le nom dit assez de quelle famille prestigieuse relevait ce village.
Un peu plus au Sud, notre adhérent corrézien, M. Jean Louis Sol, nous attendait dans le château de Laval, dont il a entrepris la complète restauration après en avoir hérité. C’est donc, partiellement, un œuvre en devenir que nous découvrons, solitaire, en ce petit vallon du Causse de Rocamadour. Mais quelle découverte ! Petit d’apparence, mais offrant en réalité des volumes développés assez substantiels, ce Laval offre un mélange composite de constructions organisées autour d’une cour intérieure d’où part l’escalier extérieur desservant l’étage principal. A ce niveau une immense salle ornée d’une monumentale cheminée XVIIEME provenant du château corrézien de Saint Aulaire abrite une peinture murale contemporaine, œuvre très personnelle du peintre briviste Devaux, qui dans des teintes grisailles, a évoqué le parcours et les réminiscences non moins personnelles du maître des lieux. De là, on entre dans les parties les plus anciennes de Laval, remontant sans doute au XIIIeme ou XIVeme siècle et qui font encore l’objet de travaux. Dans la grande salle, un buffet aussi bien garni de boissons qu’élégamment décoré nous attend, pour permettre de reprendre un peu courage avant de retrouver des voitures surchauffées…
Vaillac est notre dernière étape, mais une étape mémorable par l’évidence que suscite cet ensemble remarquable. M et Mme Gérald d’Antin de Vaillac nous y accueillent en choisissant à chaque fois les endroits ombragés qui permettent d’admirer château, chapelle, écuries et tour dite de Gourdon, bâtisses bien séparées mais offrant toutes un intérêt architectural évident, et varié du fait de leur âge respectif. Et, pour couronner le tout, une position dominante sur un paysage typiquement quercynois. La présentation très rôdée du maître des lieux permet de bien saisir les étapes majeures d’une élévation simultanée des Genouillac, les principaux artisans de cette suite de constructions, dans leur province comme à la Cour. Nous sommes sensibles à l’évocation des trois évêques de Tulle que donna cette famille, et qui n’étaient pas des évêques vagabonds…M.d’Antin, dont la famille n’acquit Vaillac que plus tard, n’a pas manqué d’en parler.
La chapelle ayant été quelque peu vandalisée, c’est dans les très remarquables écuries et au sein même du château que s’effectue notre visite intérieure de Vaillac. Meublé, orné de très grandes et belles cheminées – dont l’une serait due à Léonard Corrèze, de Corrèze-, présentant la fresque très évocatrice des chats et des rats ( allusion au siège d’Arras), offrant enfin une sorte de studiolo dans le local ultime de l’étage supérieur, Vaillac réunit et réussit en un rare exemple pour nos régions une étonnante synthèse de quatre siècles de constructions et de décors.
A l’ombre de cette étonnante bâtisse, un pot amical réunit des adhérents sans doute un peu fatigués, mais comblés par cette journée riche et variée. Un grand merci à nos hôtes successifs sans qui ces trésors nous seraient restés dissimulés.