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Le lendemain même de la disparition subite, dans la nuit de l’Ascension, de Claude Michelet, qui devait nous faire l’honneur et le plaisir de partager dans le jardin de Marcillac notre traditionnel pot de départ, le déroulement de notre sortie de printemps ne pouvait qu’être sensiblement modifié….

Pendant de la visite de la demeure briviste d’Edmond Michelet, la découverte de sa maison de campagne de Marcillac était aussi prévue : il n’était plus envisageable d’y entrer, et de perturber une famille touchée par un deuil auquel nous nous sommes associés par une minute de silence.

Cette journée Edmond Michelet, mêlant visites et conférences, a été suivie par une bonne cinquantaine de participants. Largement due à l’idée qu’a eue Laurent Soutenet, président de la Fraternité Edmond Michelet et membre de notre comité départemental des VMF d’y associer des intervenants de grande qualité, la sortie a permis d’approcher les facettes nombreuses et combien sympathiques d’une des plus belles personnalités de notre Bas Limousin.

A Champanatier, ce fut, après une présentation de la Maison-Musée d’Edmond Michelet et un rappel synthétique de sa vie par Laurent Soutenet, la découverte des vitraux qu’il y fit réaliser, témoignages vivants des engagements de sa jeunesse et de sa maturité, ainsi que de son épouse : les Noëlles, les Jeunesses chrétiennes, les Équipes sociales, sans oublier les lys et le drapeau tricolore au faisceau de licteur, signe non équivoque, pour ce péguyste, de la permanence française par delà les régimes successifs…

Le Musée abritant une des plus riches collections d’affiches de la Seconde Guerre Mondiale, son directeur, M. Thierry Pradel, et ses équipes en ont détaillé cinq, toutes propres à interroger sur les objectifs de propagande ou sur les nouvelles qu’elles véhiculaient.

Le dernier biographe en date de Michelet, Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes-Lourdes, et M. Peynichou, président de l’Association culturelle catholique ( en charge de la cause de béatification ouverte actuellement), nous ont brossé de vivants portraits d’Edmond Michelet, nourris d’anecdotes éclairantes sur la personnalité de cet homme de foi et de cet homme d’Etat, faisant aussi un point sur l’état actuel de sa « cause ».

Tous les participants se sont ensuite rendus pour le déjeuner, à l’Hotel Terminus où la Gestapo a détenu Edmond Michelet après son arrestation à l’heure du laitier, en 1943. Simple prélude à Fresnes et à Dachau, comme il l’a relaté dans « Rue de la Liberté », ironique dénomination par les déportés de la seule artère du camp. Les étapes de la construction de cet hôtel ont donné lieu à une projection conférence bien surprenante : Laurent Soutenet a exhumé les archives décrivant les lieux lors de la réquisition par la Gestapo, puis à son départ. Même en temps de guerre, la bureaucratie , bénéfique cette fois, continuait à œuvrer ….

Sous un beau et chaud soleil, en empruntant l’avenue Edmond Michelet qui mène vers Marcillac, étape au Couvent de Saint Antoine. Haut lieu de l’histoire récente de Brive, puisque c’est là que fut négociée la reddition de la ville par l’occupant – Brive s’est libérée par elle-même. Haut lieu aussi pour la Communauté franciscaine qui l’occupait alors et l’occupe toujours, puisqu’y est conservé le souvenir du séjour qu’y fit au XIIIeme siècle Saint Antoine, dit de Padoue. Le frère Danick nous en longuement entretenu de ce grand franciscain, élargissant un propos souvent humoristique à la mission actuelle des religieux, essentiellement vouée au témoignage et à l’accueil, notamment des pèlerins ( Rocamadour n’est pas loin, et tous les chemins, comme on sait, mènent à St Jacques…).

En dépit du contexte attristé qui entourait le village de Marcillac, nous avons achevé cette journée à la chapelle Notre Dame de la Paix, où sont inhumés Edmond Michelet et son épouse. Le général Patier, petit-fils d’Edmond Michelet, nous a confié les souvenirs familiaux qu’il conserve de ce village, souvenirs qui se perpétuent dans des réunions familiales régulières, notamment lors du pèlerinage annuel à Rocamadour, sur les traces d’Edmond Michelet qui en avait fait le vœu.

C’est un beau symbole que cette chapelle récente, construite par les habitants mêmes des quelques villages d’alentour, afin de trouver un substitut aux combles de la maison Patier : une chapelle de fortune y avait été installée pour permettre à ces villageois de se rendre à des messes ; alors l’état des chemins était tel que se rendre à Brive prenait plus d’une heure dans chaque sens… Quand les naissances finirent par se répéter chez les Patier, il fallut aménager des chambres… et construire une chapelle ! Bâtisseurs autant que paysans, les villageois apportèrent qui terrain, qui des pierres, fabriquèrent des bancs, sculptèrent un chemin de croix… Ne demandons quand même pas aux corréziens d’être des maîtres en vitrail : Claude Valls, père de Manuel, a réalisé ceux de Marcillac !

Quant au nom de cette chapelle, il fut décidé au terme d’un vote heureux : le déporté Edmond Michelet n’a jamais connu la rancœur et la réconciliation franco-allemande lui a toujours paru nécessaire. Dans les années 50, ce n’était pas si répandu. Mais la Paix, après tant de drames , était bien le souhait de tous. En ce printemps où la guerre refait rage en Europe, puisse Notre Dame de la Paix tourner vers l’Est ses regards…

Si l’on en croit les très nombreux messages reçus à l’issue de cette journée, l’annulation du pot de clôture n’a jeté aucune ombre sur cette sortie, unanimement jugée remarquable grâce à ses aspects variés, à l’intérêt du sujet, à la qualité des divers intervenants. Tout le mérite en revient à Laurent Soutenet. Qu’il en soit ici à nouveau vivement remercié.