Thématique : Visites Lieux : Centre-Val de Loire

Splendeur et renaissance de l’artisanat d’art en Touraine

Sortie du 27 avril 2022 

 

Vous « êtes » rotin, raphia ou osier ?

Question que l’on peut se poser après la visite des ateliers de vannerie abrités en partie par des maisons troglodytiques, tant la variété des rameaux utilisés est grande et conserve pour chacun un charme particulier.

Si le rotin (issu du palmier) est présent dans les régions tropicales, on trouve le raphia à Madagascar.

Quant à l’osier, Il existe autant de variétés que celles du saule (« salix ») qui propose également un grand choix de couleurs, allant du blanc crème à l’acajou. A Villaines les Rochers, haut lieu de « l’osiériculture » ou « saliciculture», dont l’osier est hautement réputé, celui que les vanniers utilisent est un arbre mesurant de 3 à 10 mètres de hauteur, à tronc court et à écorce lisse ; si ce rameau est privilégié, plutôt que d’autres « familles », comme l’aulne, le frêne, le chèvrefeuille, le raphia ou le rotin, c’est que l’Indre, qui passe non loin du village, avec sa vallée aux terres humides et argileuses en a favorisé le développement.

Ces matériaux sont remis au goût du jour, spécialement dans le domaine de la décoration urbaine ou chez les particuliers amoureux de la nature, qui aiment leur légèreté et leur résistance.

L’activité vannière de ce village remonte au VIIème siècle et s’est renforcée au fil des temps grâce à la création en 1937 d’une « société » des vanniers devenue une « coopérative », activement soutenue par le curé du village, l’abbé Chicoisne, avec les conseils avisés du comte de la Villarmois, grâce à laquelle les vanniers du village ont réussi à bien négocier le prix de leurs produits.

L’activité vannière a trouvé depuis cette période un nouvel essor, renforcé au cours des ans, devenant un lieu de création apprécié aussi bien par des commerçants soucieux de donner un caractère particulier à leurs magasins qu’à des marques étrangères ou françaises prestigieuses, comme Hermès, désireuses de créer des articles de mode originaux.

La visite a commencé par une présentation d’un fief familial et des explications détaillées sur la méthode de plantation et d’exploitation de l’osier. En mettant en valeur cette « matière mystérieuse, naturelle, qui se laisse domestiquer », Hélène Métezeau nous a raconté l’histoire d’un rameau de saule, depuis sa plantation, sa récolte en hiver, sa taille, qui s’effectue de décembre en février avant la remontée de la sève, puis le tri par hauteur et le rangement en bottes, certains laissés à l’air libre, (l’osier vert), d’autres, plongés dans un bain forcé ! (l’osier blanc ou salix alba). La taille se fait au printemps, lorsqu’on le « décortique », opération nommée « pèlerie », qui laisse la place au tressage de l’osier devenu blanc.

Les autres lieux de visites furent la coopérative, avec un choix très large d’objets suscitant des commentaires enthousiastes comme les berceaux d’enfants, les paniers de toutes tailles, les salons de jardin et autres éléments de décoration intérieure ou extérieure dont l’esthétique a su charmer parents et enfants. Ces derniers ont aimé les démonstrations que les vanniers proposent aux visiteurs, avec la danse étonnante de doigts expérimentés domptant les brins d’osier et les ajustant pour laisser surgir des objets parfois inattendus : on a aimé les oies en osier, les panneaux de jardin, les dessous de plats, les lampes de grande taille…

 

C’est au musée qu’ont été apportées toutes les réponses à nos questions …

Côté jeune public : un parcours ludique et pédagogique plein d’intérêt !

Côtés adultes : une mise en scène de grande qualité, retraçant l’aventure du panier dans tous ses états, et son utilisation à travers ses fonctions obligées : paniers de pêcheurs, paniers destinés à transporter des bouteilles de champagne, paniers destinés à la récolte des légumes…

En quittant le musée, nous faisons une courte halte dans l’église romane de Saint André, célèbre pour les fresques murales peintes par Louis Marie Charles de Bodin, qui sut créer, au XIXème siècle, un style pictural didactique et novateur sur les murs intérieurs.

Dernière étape de la journée, avant celle des rafraîchissements, la visite du ferronnier d’art : un moment de fascination pour les yeux admiratifs des enfants, qui gobent les gestes précis du ferronnier maniant de lourds outils et se jouant des flammes avec gaieté… malgré le risque d’une chaleur allant jusqu’à 1000 voire 1500 degrés… !

A l’issue de nombreuses manipulations, une branche de métal est brandie sous nos yeux, devenue volute, après un traitement forcé et des coups de marteau répétés… Quelle grâce, quelle douceur retrouvées malgré ce traitement cruel, avec la naissance d’une « coquille d’escargot », objet décoratif propre aux grilles des châteaux tourangeaux, comme celui d’Azay le Rideau, si proche…

A la fin de la journée, certains d’entre nous repartent avec une branche de haute taille, et un lourd paquet sous le bras : s’agit-il d’une canne à pêche ?

Un regard plus attentif décèle que cette acquisition faite par des grands-parents à l’intention de la nouvelle génération verra cet été la naissance d’un atelier de vannerie dans les jardins… la visite a donc plu et permettra peut-être de susciter de nouvelles vocations de vanniers !?