Thématique : Visites Lieux : Indre-et-Loire
Quand la Touraine était angevine
Les VMF Indre-et-Loire se retrouvent le 23 août dans le Lochois dans une heureuse troupe de 160 personnes ! Comme nous le rappelle Laurence de Livois, le Lochois fut longtemps en butte aux confrontations des grands seigneurs dont Foulques Nerra, Comte d’Anjou, avant de se rallier définitivement aux rois de France, qui s’y installèrent pour plusieurs générations…
Cette journée estivale commence à Genillé, par la visite du château de La Bourdillière où M. de Calouin de Tréville, nous accueille dans cette propriété qu’il a reprise depuis quelques années et qu’il a admirablement restaurée. A l’origine, c’était une maison fortifiée appartenant à la Famille Fumelles. Louis de Menou achète le château en 1662 puis fonde le couvent des Filles de l’Ordre de Citeaux pour y loger les 24 religieuses issues de sa famille ! Ce prieuré, érigé en abbaye en 1668, fut supprimé en 1770, car délabré, faute de revenus. Il subsiste un grand corps de logis du XVIIème siècle, une partie du logis seigneurial du XVe, primitivement entouré de douves, dont la façade occidentale est agrémentée d’une tour polygonale accueillant un escalier à vis.
Puis le château de Genillé manifeste à son tour une grande diversité. A l’origine, ancienne maison forte des XIIIe et XIVe siècles, il est transformé au XVème siècle par Adam Fumée, médecin de Charles VII et de Louis XI, dont l’une des petites filles, épouse Jean de Menou, seigneur de Boussay, puis de Genillé en 1591. On retrouve ainsi la famille de Menou à Genillé dont un descendant vend le château en 1840 aux ancêtres du propriétaire actuel, M. Chaumier, qui nous en fait la description avec passion avec l’aide de M. Meunier, historien.
Nous retrouvons, alors, le château de Saint-Jean-Saint-Germain. Autrefois, châtellenie dépendant de l’archevêché de Tours, le fief est tenu du XVe au XVIIe siècle par la famille Berruyer, qui fait construire le château. Ce dernier comprend un donjon carré du XVe siècle, une façade du XVIe siècle encadrée de deux tours rondes, donnant sur l’Indre. Ce château est réaménagé par la suite au XVIIe siècle en demeure d’agrément en ajoutant une aile. (Pendant les guerres de Religion, il servit de cadre à la rencontre entre Catherine de Médicis, qui logeait à Beaulieu -lès-Loches et à son fils, François de Valois et qui aboutit à « la Paix de Beaulieu » en 1576 !) Aujourd’hui, les propriétaires M. et de Mme. d’Ocagne, ont également aménagé des potagers floraux et le parc qui s’étendent au pied du château. Puis un excellent déjeuner organisé par Christine de la Croix-Vaubois font les délices de ceux qui n’ont pas choisi l’option pique-nique.
L’après-midi, Beaulieu-Lès-Loches offre le calme spirituel de l’abbaye de la Sainte Trinité fondée par Foulques Nerra, comte d’Anjou, à son retour de Terre Sainte. Ce qui subsiste de l’église romane a été construit par son fils au XIe siècle pour abriter la tombe de son père mort en 1040. Le clocher roman haut de 6o m vient d’être admirablement restauré. Notre guide, Mr. Devers, des Maisons paysannes de France nous raconte l’histoire mouvementée de l’abbaye : Guerre de Cent ans, guerres de Religion, deux ouragans qui endommagent la nef et le chœur à la fin du XVIe siècle, puis au XVIIIe siècle, l’effondrement du chœur et son abandon. …Le XXe siècle la restaure ! A l’intérieur de l’église, on découvre dans la sacristie la galerie d’une douzaine de tableaux juxtaposés du XVIIe siècle représentant de saints personnages et dans le transept sud, la tombe où Foulques Nerra repose enfin en paix ! Les bâtiments conventuels du XVIII e siècle hébergent aujourd’hui la mairie qui nous ouvre ses portes.
La journée se termine dans une atmosphère bucolique, au château de Chanceaux, édifié en brique et pierre à la demande de Mme Schneider et niché au sein d’un magnifique parc dessiné par Bühler. M. et Mme de Virel ses descendants par alliance nous en découvrent l’histoire. Le lieu existait déjà au Moyen-Age et au XVIIe siècle, le château fait partie des lieux où se pratique le culte protestant. A la veille de la Révolution, le terrain relève des possessions des marquis de La Fayette. En 1848, la veuve d’Adolphe Schneider, fondateur du Creusot, achète avec son frère Eugène le domaine de Chanceaux de 800 hectares. C’est ainsi que l’on découvre en faisant le tour du domaine, la petite église romane en passant par le vieux bûcher monumental et par la maison de Gonzague Saint-Bris, initiateur de la Forêt des Livres.
Pour clôturer l’après-midi, Laurence de Livois remet trois prix, deux nationaux :
Celui de la Fondation VMF remis à M. et Mme Untersteller pour leur travaux sur les tours du château de Cinq Mars, et celui de la Dotation Bellemin remis à M. Et Mme Penicault pour la restauration d’une tapisserie des Guerres d’Alexandre, déclinaison des cartons de Lebrun.
Un troisième prix, départemental cette fois-ci, est discerné à M. et Mme Deckers, propriétaires du château de Betz pour les travaux de restauration du donjon. Avant de quitter Chanceaux et la belle région du Lochois, une collation est offerte aux participants permettant ainsi de clore cette journée si riche.