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Voyage Vmf dans  l’Aude (24 – 28 septembre 2021)

 

 

Après deux voyages organisés par notre délégation à Saint Malo et dans le Lauragais, c’était au tour de la délégation creusoise de préparer celui qui nous a conduits dans l’Aude. Nous remercions Bernard et Fabienne de Froment de s’être rendus deux fois dans ce département pour en régler les éléments, ainsi qu’à Patrick et Benedicte Rothey, délégués de l’Aude, pour leur accueil et l’appui apporté à la préparation de ce périple dans leur magnifique département.

 

 

Depuis Toulouse, point de ralliement commode, cap sur Saint Papoul, dans le Lauragais audois. Ce petit village conserve une remarquable abbatiale, devenue cathédrale, accessible depuis un cloître roman de toute beauté. Un des atouts majeurs de Saint Papoul est d’offrir dans un unique vaisseau quasiment tous les styles architecturaux depuis le Roman jusqu’au baroque, sans disgrâce aucune. Le passage à Saint Papoul de l’atelier de Cabestany, dont l’importance pour l’art roman est fort bien présentée dans une salle de l’abbaye, ajoute encore à l’intérêt de cette visite.

 

Sur notre route vers Carcassonne, le château de Pennautier, “ Versailles du Languedoc”, s’impose de lui-même. La maîtresse de maison, également gestionnaire d’un dynamique complexe viticole, Mme Nicolas de Lorgeril, nous en fait les honneurs. Depuis l’origine de cette vaste bâtisse, la transmission s’est toujours faite par succession, et le mérite principal de la génération aux commandes a été d’en mettre en valeur avec un goût délicieux les riches trésors, artistiques comme historiques, tout en donnant à l’ensemble le confort moderne. La visite, fort appréciée, se clôt par un sympathique apéritif, prélude au bon dîner pris dans un des chais du domaine.

 

Le lendemain nous amène au cœur des Corbières,  avant de parvenir à la ligne frontière qui, depuis Saint Louis jusqu’au traité des Pyrénées, nous séparait de l’Aragon, puis de l’Espagne.

 

C’est d’abord Lagrasse, dont l’abbaye bénédictine a fait les frais de la Révolution, l’immense ensemble monastique ayant été scindé en deux, tout comme l’abbatiale… La partie gérée par le département de l’Aude est la plus ancienne, avec des bâtiments utilitaires imbriqués dans le vrai palais qu’y fit construire un prieur, non sans chapelle attenante ornée de fresques. Mais c’est dans la partie aujourd’hui utilisée par les chanoines de Saint Augustin – et sous la conduite de l’un d’eux –  que nous tentons de percer les secrets de l’histoire du lieu, des restaurations remarquables qui viennent d’être entreprises et se poursuivent, et de la compatibilité entre l’ouverture des lieux au tourisme avec la vie religieuse. Hélas! Une accélération imprévue de l’horaire nous fait quitter les lieux sans que le flux des questions ait cessé, et sans pouvoir vraiment apprécier comme elle le mérite l’église, et les projets de réfection d’un transept roman qui s’annonce superbe…

 

Notre chauffeur entame la partie du circuit la plus difficile, tant les routes, dans des paysages à couper le souffle, serpentent. Nous rejoignons après de longs quarts d’heure Cucugnan, non sans qu’un érudit participant du voyage nous ait dévoilé les motifs qui amenèrent Daudet à broder sur une  histoire en effet localisée dans cette bourgade typique des confins. Mais à Cucugnan, c’est au moins autant Queyribus et Peyrepertuse, ces forteresses imprenables, qui justifient cette étape de bonne gastronomie… A l’issue du déjeuner, une vidéo très bien faite nous donne les principales clés de compréhension de Queyribus, dont nous allons entreprendre l’ascension sous un vif soleil.

 

Forteresse passionnante pour ce qu’elle nous apprend de l’art défensif, et forteresse inoubliable par le panorama qu’elle offre, mais forteresse qui n’a de cathare que ce que la légende touristique de l’Aude veut bien en dire. C’est en fait, au moment où s’y réfugient quelques cathares, un lieu déjà imprenable, mais rebelle à  l’autorité royale. Après la conquête du Midi et une paix fragile avec l’Aragon, la voilà qui connaît des aménagements et constructions successives de la part des ingénieurs du Roi. Elle prend alors son aspect actuel, pour abriter une toute petite garnison: assez cependant pour tenir,  en attendant que les troupes venues de Carcassonne, avisées d’un danger dans les 45 minutes, parcourent en trois jours la distance vers la frontière. Comment mieux dire le relief sauvage et complexe à la fois des Corbières ?

 

D’ailleurs, il nous faut les contourner pour retourner à Carcassonne, d’où nous repartons le lendemain matin pour Narbonne en présence d’un conférencier de grande science et de grand talent, l’architecte en chef des monuments historiques en charge, entre autres, de l’Aude et qui connaît du bout des doigts , pour y avoir travaillé, les nombreux trésors de ce département:  Monsieur Jean Louis Rebiere.

 

Il nous prépare dans le car à une visite du Palais de l’Archevêché et de la cathédrale de Narbonne; ils valent le détour, autant sans doute que le Musée archéologique tout neuf que nous ne verrons pas, pas plus que le futur Musée médiéval qui aura pour écrin le Vieux Palais. Bonnes raisons de revenir… et de revoir ce qu’un guide très compétent nous a expliqué de l’ensemble de ce Palais composite, mais en tous points remarquable, mêlant pur roman, salles de prestige médiévales ornées de beaux  plafonds peints, chapelle gothique, cage d’escalier à balustres et noyau central, et salles de prestige non moins richement ornées, mais dans un pur esprit XVIIIeme cette fois. Et, à l’intérieur, des collections de peinture et de porcelaine de grande qualité.

 

Quant à la cathédrale, dont ne restent que le chœur et l’abside gothiques, nous en découvrons sous la conduite de M. Rebiere les beautés, souvent mutilees hélas : tombeaux, sculptures, tapisseries, vitraux. Narbonne était archevêché et sa cathédrale, la troisième de France par sa hauteur, avait un rang à tenir, et son titulaire aussi, qui présidait d’office les États du Languedoc.

 

Rapide déjeuner le long du Canal, qui remplace l’Aude, détournée au fil des siècles en faisant de Narbonne, pour longtemps , une belle endormie. Et, à quelques encablures de là , suffisamment pour que M. Rebiere nous introduise à cette fondation cistercienne, Fontfroide nous attend.

 

C’est peu dire que dire l’immense service que M et Mme Fayet ont rendu en achetant ce qui allait grâce à eux devenir une splendeur, en dépit des modifications nombreuses qui ont été apportées à l’édifice originel. Mais tout n’est à Fontfroide qu’harmonie et paix;  au sein d’un ensemble où l’on ne sait que remarquer le plus, du cloître ou de l’église, des dortoirs ou du cellier, des chapelles éparses, de la salle du chapitre, notre voyage s’achève en beauté dans les pièces réservées aux collections maintenues là par la descendance des Fayet: faïences, et surtout la bibliothèque où sont conservés deux immenses tableaux, le jour et la nuit d’Odilon Redon.

 

Et , comme si cela ne suffisait pas, avant un dîner gastronomique dans l’enceinte de la CIté, M. Rebiere nous fait une lecture éclairante des murailles de Carcassonne, et de leurs évolutions depuis Rome jusqu’à Viollet le Duc, avant de nous introduire aux trésors de la Cathédrale Saint Nazaire, que nous pourrions entrevoir que le lendemain.

 

 

Il eût été regrettable de ne pas le faire,  car cette sorte de Saint Chapelle du Sud offre quantité de merveilles à la contemplation, depuis l’originalité de ses voûtes jusqu’à ses admirables vitraux  (dont un Arbre de vie fort original), en passant par la curieuse statue trinitaire, quasi byzantine, où la colombe sort littéralement de la bouche même de Dieu le Père. Et, pour finir, la visite du Château Comtal et du tour des remparts, après l’évocation de Dame Carcas, des Trencavel et de leur triste destinée. Mieux encore que de l’extérieur, on peut apprécier au cours de  ce circuit les couches successives des constructions, avec l’achèvement spectaculaire que constitue la Porte Narbonnaise, puissante réalisation du gothique militaire apposée à l’endroit faible de l’enceinte.

 

Derniers coups d’œil sur la Cité , la Montagne noire et la plaine du Canal, et c’est le retour à Toulouse après trois journées bien remplies. Le soleil fut de la partie, l’ambiance conviviale, et, de l’avis général , la qualité des visites et des guides justifiait ce voyage:  pour beaucoup, très séduits, l’attrait de cette terre de caractère et de culture qu’ils découvraient les fera revenir …