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Le Ségur de Marc Boisseuil et Astrid Verspieren

 

On ne  pourra pas dire que le covid est sans effet sur les Vmf: comparée aux années antérieures, notre sortie d’été a souffert d’une fréquentation de l’ordre de 35% moindre; et le restaurant, qui naguère, attirait les deux tiers des participants, n’en a plus compté qu’une petite moitié…

 

Mais c’était la même ambiance amicale et détendue, avec une forte représentation des moins de vingt ans. Il faut dire que le programme, au moins l’après-midi , avait de quoi les attirer : qui ne s’identifierait, au sein du site médiéval de Ségur le château, avec ses nombreuses enceintes, aux gentes dames et aux preux qui vécurent là jusqu’au temps d’Henri IV?

 

Ce fut pourtant par une promenade très contemporaine que débuta la matinée, à l’issue d’un café d’accueil servi dans une très belle grange reconvertie en lieu de vie… Bien remplie, cette demi-journée eut pour cadre le domaine du Chedal, que M. Marc Boisseuil a enrichi sur les plans paysager et artistique, avec le goût qu’on lui connaît pour l’art moderne et la décoration.

 

Sur plusieurs dizaines d’hectares ravagés par la tempête de 1999, il a entrepris un gigantesque travail de replantation à base d’espèces ou de variétés rares, en conservant bien sûr les sujets épargnés plantés depuis un siècle et demi par ses aïeux. Récompenses de ces travaux considérables:  l’attribution au Chedal du label Vmf Patrimoine historique- car l’ensemble des bâtisses, au surplus, méritent le détour- et l’inscription parmi les Jardins remarquables .

 

Et, récemment, le Chedal a pris une orientation complémentaire grâce à sa nièce, Astrid Verspieren, qui exerce sur le reste du domaine une activité agricole innovante et respectueuse de l’environnement.

 

C’est donc sous la conduite de ces deux cicérones, oncle et nièce, que nous avons pu admirer sujets remarquables, sculptures contemporaines toujours placées au bon endroit, monuments récupérés avant leur départ probable pour le Nouveau monde, vergers expérimentaux, haies tressées à l’ancienne et tant d’autres curiosités qui, sans problème, ont fait oublier les averses…

 

 

A l’issue du déjeuner, cap sur la petite église de Saint Eloy les Tuileries, qui compte – et c’est là encore le mécénat impulsé par Marc Boisseuil qui en est responsable – un ensemble de vitraux contemporains dus à Damien Deroubaix, dont le Musée de la Chasse présentait au même moment les œuvres picturales. Bien qu’ils soient partiellement figuratifs, mais se veulent chargés de symboles, ces vitraux nécessitent des explications qu’un texte de leur auteur a permis de donner. Plus directement accessible, dans cette église dédiée au patron des orfèvres , une Vierge en majesté richement émaillée a été présentée par son auteur, Mme Laure Thuillier, après que son époux ait attiré l’attention sur plusieurs des vestiges anciens subsistant dans cette église originale.

 

La fin de l’après-midi a été entièrement consacrée à une passionnante visite du site castral de Ségur, siège d’un des vicomtés les plus anciens du Limousin. Mme Verspieren en est devenue l’an passé propriétaire et met dans un vaste projet autant de méthode qu’elle en met au Chedal.

 

Vaste projet , car Ségur agglomère non seulement un ensemble vicomtal, mais aussi les logis de nombreux vassaux, plusieurs enceintes, les vestiges d’une importante chapelle, une belle  bâtisse du XVIIIeme, le tout remanié, conforté ou enseveli à diverses époques. Vaste,  car aux fouilles déjà effectuées du temps du prédécesseur de Mme Verspieren, s’ajoutent celles qui se poursuivent et permettront de mieux comprendre les strates de construction, ainsi que les recherches géologiques qui aideront à comprendre l’origine de matériaux qui, d’évidence, ne sont pas d’ici. Vaste encore parce qu’il reste beaucoup à apprendre sur bien des notables propriétaires passés de Ségur, depuis l’aïeul d’Henri IV jusqu’à l’éditorialiste et journaliste Pertinax…

 

Mme Verspieren s’attaque à tous ces chantiers, et nous en donne déjà un aperçu lors de cette fin d’après-midi. Pour nous, elle a subdivisé notre passage en trois moments-clés : une remarquable vidéo donnant un brillant résumé de l’histoire et de la construction de la forteresse ; une visite commentée des fouilles qui se poursuivent au sein de l’ancienne résidence des vicomtes et de ses dépendances ; un circuit dans les comblements de l’enceinte vicomtale, la plus affectée par les modifications ultérieures.

 

Passionnant circuit d’ailleurs, et ce à bien des égards, car il fut commenté par celui-là même qui s’est séparé de Ségur voici un an, et qui donne aux propriétaires adhérents des Vmf l’ extraordinaire leçon

de celui qui, conscient de ce qu’il faut passer la main, écarte la solution de la vente au plus offrant et sélectionne ceux qui vont le remplacer sur la base d’un projet de mise en valeur et d’ouverture du site à un large public.

 

Et c’est ainsi que, se considérant comme une  simple dépositaire de cet imposant patrimoine historique, archéologique et monumental, Mme Verspieren se trouve aujourd’hui assurer la continuité de Ségur. Quand nous quittons les lieux, non sans avoir pris le pot de l’amitié dans la grande salle du XVIIIeme qui regarde l’Auvézère, le soleil brille à nouveau ; puisse-t-il avoir été l’annonciateur d’un futur radieux que mérite Ségur sous la houlette de son actuelle animatrice…