Thématique : Visites Lieux : Paris

Visite du Palais Royal

Initialement programmée le 8 décembre 2018, cette réunion a été annulée de l’arbre de Noël du Conseil d’État. Cette festivité enfantine ayant été elle-même annulée en raison de l’acte 4 des « Gilets jaunes », l’événement a été reprogrammé le samedi 13 avril 2019 après-midi et réunira à côté de 35 adhérents creusois, autant de corréziens.

Ce jour là, acte 22 des « Gilets jaunes », quelques difficultés à cause des barrages pour arriver à l’heure mais contrôles de sécurité très allégés pour l’entrée.

Le Palais-Royal

Nous retrouvons donc nos conférenciers Christophe Bottineau, Architecte en Chef des Monuments Historiques, en charge du Palais-Royal, et Marc Sanson, conseiller d’État et ancien élève de l’École des Chartes. Dans un premier temps ils nous racontent l’histoire du Palais Royal, puis après séparation en deux groupes visite alternée du Conseil d’État et du Conseil Constitutionnel.

Conférence sur le Palais Royal dans la salle du Conseil Constitutionnel

Studieux creusois et corréziens

Richelieu(1585-1642) a fondé en 1628 le Palais-Cardinal, sachant qu’il pourra démolir l’enceinte de Charles V qui lui fournit un grand espace en pleine ville derrière son hôtel. Il le légua au roi Louis XIII. La régente Anne d’Autriche s’y installe de 1643 à 1652, pour profiter du jardin où peuvent jouer le jeune Louis XIV et son frère. Le Palais-Cardinal devient Palais Royal.

Il a été en partie détruit à la suite d’un premier incendie de l’opéra le 6 avril 1763. L’opéra reconstruit brûle à nouveau en 1781. C’est alors qu’on construit la Comédie Française en 1799.

Donné en apanage à Philippe d’Orléans, dit Monsieur, en 1692, il devient le palais des Orléans. Le Régent y réside. Louis-Philippe d’Orléans, futur Louis-Philippe Ier, y voit le jour le 6 octobre 1773.

À la mort du Régent les jardins sont restaurés par le neveu de Le Nôtre et sont alors ouverts au public, avec un grand succès.

L’arrière-petit-fils du Régent, duc de Chartres (futur Philippe Égalité), reçoit l’entière propriété du Palais-Royal. Très endetté, il s’engage sur la voie de la spéculation immobilière en 1780. Son idée est de lotir le pourtour du jardin, en l’encadrant de constructions uniformes et de galeries et en perçant les rues de Montpensier et de Valois, au grand dam des propriétaires des maisons qui avaient auparavant vue sur le jardin. Ce lieu va devenir pendant un demi-siècle, par ses cafés, restaurants, salons de jeu et autres divertissements, le rendez-vous à la mode d’une société parisienne élégante et souvent libertine.

Le Palais Royal Plan en 1701

Le Palais Royal Carte de Turgot en 1731

Le Palais Royal Carte de Turgot en 1731

Le 6 novembre 1793, le jour de l’exécution de Philippe-Égalité, le palais est réuni au domaine de l’État. En 1789, le Palais-Royal est un des hauts lieux du Paris révolutionnaire : Camille Desmoulins appelle à la Révolution le 12 juillet dans le jardin, de nombreux événements s’y déroulent.

Restitué aux Orléans en 1814, il y est construit en 1827, la galerie d’Orléans (entre la cour d’honneur et le jardin) en remplaçant de la vétuste galerie en bois qui avait brûlé, avec des colonnes doriques supportant une plate-bande horizontale. La partie centrale était occupée par une verrière et 40 nouvelles boutiques qui disparaîtront en 1933, pour obtenir l’aspect que nous connaissons aujourd’hui. Le Palais-Royal est la victime de la Révolution de 1848 qui renverse Louis-Philippe et le palais est pillé.

Louis-Napoléon Bonaparte met le palais à la disposition de Jérôme Bonaparte, dernier survivant des frères de Napoléon. Son fils le prince Napoléon, surnommé Plon-Plon, d’abord installé dans l’aile de Nemours, occupe après son mariage, l’aile de Valois, laissant l’aile de Nemours à sa femme Marie-Clotilde de Savoie, fille de Victor-Emmanuel.

En mai 1871, la Commune donne l’ordre d’incendier le Palais-Royal, mais les dégâts sont moindre qu’en 1848.

En 1875 le Conseil d’État s’installe à titre définitif au Palais-Royal. Puis en 1959 le Conseil constitutionnel créée par la constitution de 1958 dans l’aile Montpensier et dans l’aile de Valois le nouveau Ministère de la Culture.

Le Conseil d’État

Le Conseil d’État est une institution publique française créée en 1799 par Napoléon Bonaparte.

Cet instant est immortalisé sous Napoléon III par le tableau de Couder qui représentant le serment des présidents aux trois consuls lors de l’installation du Conseil d’État au palais du Petit-Luxembourg le 25 décembre 1799. Ce tableau, installé la Salle René Cassin (autrefois Salon des trophées) est réputé pour de nombreux anachronismes de détail.

Le serment des présidents du Conseil d'état devant les consuls 1799

Le serment des présidents du Conseil d’état devant les consuls 1799

Il est le conseiller juridique du Gouvernement (il n’a qu’un avis consultatif). Il examine les projets de loi et d’ordonnance, avant que ceux-ci ne soient soumis au Conseil des ministres. Le Conseil d’État émet un avis sur la régularité juridique des textes, sur leur forme et sur la pertinence des dispositions proposées au regard des objectifs poursuivis.

Il est divisé en cinq sections (Travaux publics, intérieur, sociale, finances, administration), les projets les plus importants pouvant être renvoyés en assemblée générale. Il a aussi une activité contentieuse comme juge suprême entre particuliers et administrations.

La salle d’assemblée générale

Avant de se séparer en deux groupes, puisque nous y sommes, décrivons la salle d’assemblée générale construite entre 1873 et 1876 et restaurée en 2012. Les tentures murales ont été remplacées en 1920 par des peintures d’Henri Martin (aucun rapport avec l’industriel qui a donné son nom à une avenue) avec un thème destiné à représenter les activités auxquelles le Conseil d’État est appelé à délibérer. Ce sont des allégories de “l’Agriculture”, du “Commerce” (le port de Marseille), de “l’Industrie” (remplacée finalement par les Travaux publics Place de la Concorde) et du “Travail intellectuel” (un homme pensif marchant un livre à la main dans une forêt ). L’ensemble porte le titre de “La France laborieuse se présentant au Conseil d’État”.

Conseil d'état, salle d'assemblée générale, intellectuel

L’intellectuel

Conseil d'état, salle d'assemblée générale, affaires maritimes

Les affaires maritimes

Conseil d'état, salle d'assemblée générale, travaux publics

Les travaux publics

Conseil d'état, salle d'assemblée générale, agriculture

L’agriculture

 

 

La bibliothèque

Issue de la fusion de l’ancienne salle de bal du prince Jérôme Bonaparte créée sous le second Empire et d’une partie de l’ancienne galerie de peinture de l’histoire du Palais-Royal sous Louis-Philippe, elle a été réaménagée par Chabrol en 1875 afin de servir de bibliothèque au Conseil d’Etat, sous le nom de salle des colonnes. La sobriété de la bibliothèque a été voulue par les autorités du Conseil d’État de l’époque, d’où l’absence de dorures et le choix de boiseries et d’un mobilier noirs.

Les premières collections de la bibliothèque ont brûlé dans l’incendie du Palais d’Orsay pendant la Commune. Grâce à des dons, legs et acquisitions, le fonds a pu être reconstitué peu à peu.

A l’étage une extension dans la salle Napoléon.

Conseil d'état, bibliothèque,salle des colonnes

La salle des colonnes

Conseil d'état, bibliothèque,salle Napoleon

La salle Napoléon

L’escalier d’honneur et les pièces desservies

L’escalier conduisait aux appartements du duc et de la duchesse d’Orléans, respectivement en face et à droite du palier du premier  étage. A gauche il menait à la salle d’opéra qui brûla pour la seconde fois en 1781 et ne fut pas reconstruit sur place.

La coupole qui domine la cage d’escalier s’élève à 26 mètres de hauteur pour capter la lumière et accroître l’impression de hauteur.

Conseil d'état Escalier d'honneur vu du rez de chaussée

Conseil d'état Escalier d'honneurConseil d'état Escalier d'honneur palier du premier

 

L’escalier dessert maintenant, coté façade quelques pièces d’apparat qui gardent leur aspect d’origine:

La Salle des pas perdus, sorte de salle d’attente. On y trouve un tableau daté de 1644 qui serait un portrait allégorique d’Anne d’Autriche, représentée en Athéna, un grand tableau de Merry Joseph Blondel réalisé en 1834 à la demande de Louis-Philippe représentant une visite de Napoléon le 19 août 1807 au Palais-Royal et enfin une tapisserie réalisée pour le roi (d’où les deux LL dans les marges) en laine, soie et fils d’or vers 1685 par la manufacture des Gobelins appartenant à une série de tentures représentant l’histoire de Moïse.

La chapelle de Marie-ClotildeLa Chapelle. Très pieuse la princesse Marie-Clotilde de Savoie, disposait ainsi d’une chapelle où l’on célébrait la messe.
Elle avait également un oratoire, pour prier (aujourd’hui au Conseil constitutionnel), près de sa chambre à coucher. C’est une salle aveugle de quelques mètres carrés longtemps interdite au public que Jean Louis Debré a fait finalement réhabiliter.

La Salle des conflits

Il s’agit de l’ancienne salle à manger de la duchesse d’Orléans, pièce ovale est ornée de huit colonnes et de quatre pilastres de stuc de couleur imitant le marbre. De chaque côté de la grande porte se trouve une même grande peinture en trompe-l’œil représentant des cassolettes (vases permettant de brûler des parfums).

Le plafond en trompe-l’œil commandé par le roi Jérôme et réalisé par Jules Dieterle vers 1852 représente une balustrade décorée. On remarque les lettres JNB (pour Jérôme Napoléon Bonaparte), portées par deux chérubins.

Dans les parties hautes, quatre médaillons représentant les quatre saisons sont disposés en alternance avec quatre panneaux rectangulaires allégoriques et mythologiques représentant les quatre éléments (eau, feu, terre, air). Une grande toile d’Henry Léopold Levy représente une « Allégorie du Droit ». Elle date du début du XXe siècle.

Conseil d'état, salle des pas perdus

La salle des pas perdus

Conseil d'état, salle des conflits

La salle des conflits

 

Les salles de travail

Coté cour d’honneur et jardin se trouvent les salles de travail généralement aménagées pour une utilisation fonctionnelle. Parmi les salles des sections, la plus intéressante est la salle du Contentieux. Le déroulement d’une séance de jugement comporte deux temps bien distincts : la séance publique et la séance non publique, appelée délibéré.

Approximativement à l’emplacement de l’actuelle aile du contentieux se trouvait une salle de théâtre dans laquelle Molière et sa troupe se produisaient régulièrement. C’est là que Molière est pris d’un malaise lors d’une représentation du Malade imaginaire le 17 février 1673 pour mourir chez lui quelques heures plus tard.

La grande peinture réalisée par Albert Girard représente le Palais d’Orsay, vu des Tuileries, dans un décor très champêtre. Ce palais a abrité le Conseil d’État de 1840 à 1871, date à laquelle il fut détruit par un incendie durant la Commune. La peinture au fond de la salle au-dessus de la cheminée est une œuvre de Benjamin Ulmann ayant pour titre Allégorie du droit ou La Justice.

Conseil d'état, salle du contentieux

Salle du contentieux

Conseil d'état, salle du contentieux tabeau du quai d'orsay

Tableau du Conseil d’état au Quai d’Orsay

Le Conseil constitutionnel

Il est temps maintenant de passer au Conseil constitutionnel. Pour ce faire en évitant un second contrôle d’entrée nous franchissons la fenêtre de la salle Napoléon, prenons la galerie du premier étage et rentrons dans le salon du Conseil par une autre fenêtre, sous le contrôle bienveillant d’une gendarmette.

En dernier l’aile Montpensier fut la demeure de Marie-Clotilde de Savoie, épouse du prince Jérôme Bonaparte, cousin de Napoléon III, qui la fit redécorer, après les incendies.

Le Conseil constitutionnel, composé de neuf membres et présidé par Laurent Fabius. Il contrôle la conformité des lois, soit après le vote de la loi par le Parlement et avant la promulgation par le président de la République, soit nouvellement depuis 2010 à postériori dans le cadre de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par un justiciable impliqué dans un procès. Il veille aussi à la régularité de l’élection présidentielle et des référendums. Ses décisions ne peuvent pas faire l’objet de recours, elles s’imposent à tous.

Nous visitons rapidement les grandes pièces du premier étage, ainsi que l’escalier d’honneur.

L’escalier d’honneur

Cet escalier mène au premier étage. Sur le palier un drapeau tricolore en tapisserie.

Conseil constitutionnel escalier d'honneur

Conseil Constitutionnel tapisserie drapeau dans l'escalierLe grand Salon

Appelé aussi « le salon rouge », c’est la salle de réception du Conseil Constitutionnel, là ou l’on proclame le nom du nouveau Président de la République. Il comprend en particulier deux grandes tapisseries royales, » Le château de Fontainebleau » et » le château de Chambord » réalisé avec des fils d’or. On peut remarquer l’aigle impérial et le médaillon sculpté représentant Napoléon III et l’impératrice Eugénie.

Conseil constitutionnel, le Grand salon rouge

Le petit salon

Appelé aussi « le salon vert », il est utilisé lors des conférences de presse et des visites de délégations étrangères. Les pendules et candélabres sont d’époque Directoire.

La salle des Séances

Nous sommes dans l’ancien salon de travail de la Princesse Clotilde de Savoie, avec décoration de peintures bleu pastel d’époque et très féminine. C’est ici que les membres prennent leurs décisions (à huis clos). Les membres sont placés selon leur ancienneté au Conseil constitutionnel et le rang protocolaire de l’autorité qui les a nommés. Le Président siège au centre du « fer à cheval ».

Le bureau du président

C’est l’ancienne chambre à coucher de Clotilde de Savoie. Le mobilier de couleur or remonte au Consulat et provient du Grand Trianon de Versailles. Le bureau du Président est exposé Nord et Est et jouit d’une remarquable lumière et d’une superbe vue sur les jardins du Palais Royal.

Conseil constitutionnel, le bureau du président

Non, Laurent Fabius n’était pas dans son bureau lorsque nous l’avons visité

Conclusion

Elle se passe sur la galerie d’Orléans d’où nous dominons derrière nous la cour d’honneur où le public escalade les colonnes de Buren et devant nous les jardins où des mariages viennent se faire photographier. Notre conférencier architecte nous explique que les bâtiments des arcades, sous une bonne apparence, sont construits avec des matériaux très quelconques et que ceux à la suite du Conseil constitutionnel posés sur les remblais mal réalisés de l’enceinte de Charles V ont tendance à s’affaisser.

Palais Royal Les jardins

Palais Royal Cour d'honneur et colonnes de Buren

 

ORGANISATION MATÉRIELLE

Organisée par Bernard de Froment et autorisée pour 70 personnes, partagées pour moitié entre creusois et corréziens
Tarif VMF de 15 € par personne