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Compte-rendu

Un périple de 4 jours dans le Berry qui a réuni 34 amis VMF du 3 au 6 juin 2019, et bien évidemment dans le car du FC Nantes pour passer inaperçu…

Saint-Savin, abbatiale où 1000 ans d’histoire nous attendaient. Des peintures murales exceptionnelles, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, occupent toute la nef. Comme une bande dessinée, ces tableaux aux couleurs chaudes rouge et ocre, et ces personnages multiples, aux figures expressives, content l’histoire sainte depuis la création. La grave figure du Christ nous accueille dans le narthex. Un guide cultivé et intéressant nous fait découvrir la symbolique, destinée aux moines, de tous les détails de ces chefs-d’oeuvre. Il nous explique les techniques des peintures ou des fresques utilisées à l’origine, et celles qui, aujourd’hui permettent de les restaurer. (Elles permettent de récupérer éventuellement ces peintures abîmées, de les entoiler comme pour une peinture à l’huile … mais on ne sait pas encore les remettre en place).

L’Abbaye cistercienne de Noirlac, vue précédemment, est devenue la propriété du département du Cher par l’entremise du marquis de Vogüé. La grande beauté de ces édifices romans religieux émane de la sobriété et de la pureté de leur architecture et de leurs sculptures. Ils provoquent un véritable appel spirituel. Ici à Noirlac le gothique effleure le roman.

À Bourges, le troisième lieu de la chrétienté visité, est la superbe cathédrale Saint Etienne édifiée sur le haut de la colline qui domine la ville. L’immensité extérieure de son chevet, avec ses arcs-boutants, est grandiose. Elle fut construite sur deux siècles les XIème et XIIème. Le parvis extraordinairement riche de sculptures et d’histoire est magnifique de beauté. La tour carrée des cloches et la tour sourde, qu’elle a relayée, encadrent ce parvis.

On peut entrer dans cette église de l’archevêque, devenue paroissiale en 1802, par une porte latérale romane, le style précédent n’étant jamais aussitôt abandonné, pour pénétrer dans le moderne gothique. La nef immense de 37 mètres de haut est voisine de celles de Notre-Dame de Paris et de Chartres, construites en même temps. Son éclairage est judicieusement obtenu sur cinq niveaux par l’alternance d’éléments clairs et aveugles qui structurent l’ensemble du bâti. Les vitraux réalisés entre 1200 et 1220, à la même époque que ceux de la Sainte Chapelle, sont exceptionnels. Le rouge foncé et le jaune d’argent sont prédominants. Ils se lisent de bas en haut et content l’Histoire Sainte : Joseph et ses frères en Egypte, le bon samaritain, l’enfant prodigue, le jugement dernier…ou encore des scènes des bâtisseurs à l’ouvrage. Figures symboliques, naïves mais criantes de vérité et de foi. L’accès à la crypte par un très beau long couloir à ogives romanes nous amène au gisant du duc Jean de Berry, fils du roi de France et permet d’admirer les restes de l’ancien jubé.

Un excellent guide, que nous retrouverons au palais Jacques Coeur, féru d’histoire et de références, nous fait découvrir les beautés de ces lieux.

Après ces trésors de la chrétienté, des merveilles du privé vont se succéder.

Azay-le-Rideau, propriété de l’Etat depuis 1905, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO a été construit par Gilles Berthelot, trésorier du royaume sous Louis XII. Ce lieu, quintessence de l’élégance de la renaissance italienne, fascine. Escalier ouvert, loggias et de somptueuses salles agrémentées de belles cheminées, de coffres, de tapisseries de Tournai, et de tableaux complètent la grande beauté du lieu. Une lourde charpente de chêne de 9 fermes, en angle droit 6 et 3 est vraiment majestueuse.

Ainay-le-Vieil – Ce château, propriété de la même famille depuis 1467, aujourd’hui les d’Aligny, décline cinq siècles d’histoire. Il porte tous les aspects classiques des maisons fortes : militaires, économiques, culturels, politiques et artistiques. Avec aussi, des références à la chevalerie et aux croisades dans le bâti et les décors. Un bâti gothique flamboyant (dragons-chimères). A l’extérieur, un petit jardin créé récemment qui sent la rose. A l’intérieur, des souvenirs, militaires avec les Colbert, ou très émouvants avec ceux de la Reine Marie-Antoinette par Madame de Tourzel gouvernante des enfants de France après le départ de Madame de Polignac. Ce bel ensemble défensif n’a jamais été attaqué.

Meillant – Une grande façade austère, les pieds dans l’eau, donne sur un beau parc. À l’opposé, une façade avec une grande tour totalement sculptée. D’énormes salles et pièces diverses, chargées de multiples meubles et objets, rendent cet ensemble, propriété de la famille de Mortemart, peu intime et font davantage penser à une demeure royale que privée. Une collection de quelques voitures anciennes va détendre… notre berger…

Jussy-Champagne – Un des plus beaux châteaux visité. Le propriétaire, Jean d’Amécourt, guide parfait, nous conduit dans toutes ces belles pièces, salon, salle à manger, bibliothèque et une bien sympathique galerie salon. Ensemble en excellent état et fort bien meublé. Un manteau de cheminée sculpté sous Henri IV.

Le parc a été réalisé par Choulot vers 1840. Parc aéré et ouvert sur l’extérieur, il encadre un château XVllème et ses douves. Construit pour la famille de Gamaches, par l’architecte Lejuge et de style Louis XIII, sa façade élégante et gaie est faite de briques et pierres d’angle. La cour fermée à l’origine a été ouverte au XIXeme. Une demeure qui a une âme.

La Chapelle d’Anguillon – Mille ans d’histoire, nous dit Jean d’Ogny, son propriétaire, remarquable guide, ne craignant pas d’affirmer avec vigueur ses convictions, mais dans une langue parfaite, déclinant une grande culture, riche de connaissances passionnantes. Cette belle demeure au charme naturel, avec sa vétusté familiale classique est, hors la qualité de tous ses détails architecturaux, garnie de superbes meubles, tapisseries, tableaux et objets divers qui permettent à Jean d’Ogny de nous promener dans cet univers international qu’il a côtoyé, et qui lui aura permis des rencontres exceptionnelles (Albanie, avec des souvenirs de la famille royale).

Nous apprenons que Henri III, grand amateur de cuisine serait à l’origine de la gastronomie française.

Alain-Fournier, dont on nous trace la vie avec passion et enfant du pays, a ici son musée.

La Verrerie – Depuis 1840, la famille Vogüé habite ce château. Au XIXeme une extension est réalisée qui abrite chambres, salon, salle à manger. Une bibliothèque d’érudit, attachée aux deux Vogüé, oncle et neveu, qui siégèrent en même temps à l’Académie française. Cette construction recèle meubles, tableaux et souvenirs de famille, avec les portraits de plusieurs générations, mais aussi ceux de l’exceptionnelle histoire de ce lieu. Construit entre le XV et le XVII, ce château présente une partie gothique avec le porche d’entrée et une façade renaissance dans la cour intérieure marquée par une typique galerie italienne. La chapelle, ornée de fresques et peintures sur bois, a un autel marqué aux initiales des Stuart.

Un portrait de Jean Stuart, écossais, maréchal de France, intime de François 1er, orne un des murs du salon. Charles VI, défait, a recours aux Stuart pour l’aider à reconquérir son royaume contre les anglais et bourguignons. Leur fidélité au trône de France sera sans faille. Charles VII les récompensera en leurs octroyant le Berry, avec la Verrerie. Revenue à la Couronne, faute d’héritier mâle, Louis XIV l’offre à la belle duchesse de Portsmouth, demoiselle d’honneur d’Henriette d’Angleterre, mais aussi favorite du roi Charles II, et ainsi parfait espion au service de la France.

Une autre propriété Vogüé, Buranlure, près de Sancerre, nous accueillera ensuite. Un très charmant petit ensemble du XIV au XVIème. Des cheminées, toutes simples et remarquables. Une tour sobre et élégante dans une toute petite cour intérieure. De très belles tours basses rondes et carrées harmonieusement organisées. Non habité et vide, bien assis, cet endroit est un vrai témoignage de son époque.

Passons par Sancerre. Belle vue sur ces coteaux couverts de vignes du Sancerre qui font face à celles du Pouilly situées au nord de la Loire. Malheureusement une méchante brume est là….

Le mercredi la journée s’est terminée par la visite, sous la pluie, du parc de Pesselières, dit à l’anglaise. Mais un labyrinthe proche du château, taillé au cordeau, ainsi qu’une longue allée très léchée également plantée de charmes et hêtres, lui font perdre cette appellation, que le parc, par ses grandes perspectives, avec le ruisseau bordé d’iris, pourrait justifier. Un potager aux allées enherbées cloisonnées par des carrés délimités par des traverses de chemins de fer, est également soigné, mais fait assez artificiel. Une allée de très beaux vieux buis longe le bois.

Pour finir nos visites, le guide qui nous avait fait si bien découvrir la cathédrale Saint-Etienne de Bourges, nous promène dans le Palais Jacques Cœur. Somptueuse maison d’un extraordinaire personnage. Palais construit autour d’une cour intérieure. Jacques Cœur a su faire réaliser ici tout ce qu’il avait pu voir de beau lors de toutes ses pérégrinations et en particulier en Italie. Raffinement et bon goût sont omniprésents.

Personnage hors du commun, il va en Italie, s’instruit du commerce qui y est si bien pratiqué. Il lance ses affaires, crée des comptoirs en France, en Italie et jusqu’en Orient. Il achète et vend tissus, soieries, épices… s’enrichit. Anobli en 1441, il construit son palais. Grand argentier du roi, il apporte au royaume ses aides financières… comme à d’autres grands du royaume. Jalousé et évidemment peu aimé de ses débiteurs, il est arrêté, accusé de malversations qui n’ont jamais été prouvées. Ses biens sont confisqués. Il réussira à s’enfuir en Italie après deux ou trois ans de procès et y mourra. Son épouse, morte de chagrin, six mois après son arrestation ne le reverra jamais. Et voilà à qui l’on doit un si beau palais, qu’il n’aura jamais habité. Charles VII avait déjà abandonné Jeanne d’Arc…

Un peu fatigués par le rythme accéléré imposé par notre efficace équipe et leur chef, mais ravis de ce bon et amical séjour dans le Berry, sans doute chacun attendra-t-il avec impatience la prochaine épreuve…

Alors, bravo et merci au nom de tous, à ceux qui discrètement ont assumé, car la tâche est difficile…