VALREAS
Nous retrouvons une cinquantaine de participants au rendez-vous fixé devant le bel hôtel de Simiane, devenu mairie de Valréas en 1826. Il reste encore quelques vestiges de la première construction par la famille d’Eymeric au 14e siècle : la porte médiévale et une partie du donjon.
L’aile nord et le corps de logis avec ses arcades et ses deux étages à 7 fenêtres, très classiques, sont du 17e ainsi que la cage d’escalier qui mène au grand salon où l’on peut admirer un remarquable plafond avec décorations picturales des 15 et 17e s.
Ce majestueux ensemble fut la demeure des marquis de Simiane qui firent rajouter l’aile sud. Rappelons que Louis de Simiane épousa en 1695 Pauline d’Adhémar de Grignan, petite fille de madame de Sévigné : c’est Pauline qui fit éditer la correspondance de sa grand-mère.
A côté du grand salon, nous avons pu voir le cabinet de travail des Simiane avec de curieuses peintures sur des sujets d’apothicairerie et un petit oratoire avec un plafond en gypserie. Il faut imaginer ce bel hôtel au temps de sa splendeur avec un jardin à la française à l’emplacement de l’actuelle place Aristide Briand.
En flânant dans les vieilles ruelles, notre guide, féru d’histoire locale, nous signale quelques vestiges : portes en ogives ou en plein cintre, fenêtres à croisillons, vastes escaliers en tourelles sur des maisons souvent en mauvais état ou mal restaurées. Nous entrons dans la monumentale cage d’escalier de l’hôtel d’Aultane, pour admirer un plafond décoré d’une magnifique gypserie Ier empire ; plus loin, l’hôtel d’Inguimbert, en cours de restauration, présente une belle façade en pierres de taille avec fenêtres à meneaux.
Notre promenade nous conduit jusqu’à l’église ND de Nazareth, de style roman provençal 11e et 12e s. remaniée aux 14e et 15e. . Un orgue du 18e s. resplendit de tous ses ors et de la polychromie de ses boiseries dans le fond de l’église. Dans une chapelle latérale, nous remarquons une étonnante peinture représentant la circoncision d’un nouveau né : peut-être une allusion aux nombreux juifs qui vivaient dans le Comtat !
A proximité de l’église une harmonieuse grille s’ouvre sur une allée menant à la chapelle des Pénitents blancs, un petit bijou du 16e s. avec son magnifique plafond à caissons en trompe l’œil. Les sculptures des stalles sont de grande qualité. Cette chapelle est encore dans « son jus », et n’a subi aucune détérioration alors qu’elle a été vendue comme bien national à la Révolution.
Nous terminons notre visite de Valréas par l’hôtel de Bruges, propriété de Bertrand et Séverine Liger, adhérents VMF, qui ont acheté une ruine il y a quelques années et l’ont admirablement restaurée et décorée avec beaucoup de goût et d’originalité. Ils ont également acquis une maison mitoyenne en piteux état et attaquent courageusement les travaux de réhabilitation. Nous espérons bien être invités à voir le résultat dans quelque temps…
VISAN
Ce village que l’on n’a pas forcément la curiosité de visiter mérite le détour.
Notre première visite fut une surprise, pour ne pas dire un choc…. Avec les VMF nous sommes habitués à un patrimoine ancien ; et là nous découvrons, lovée dans un bois de pins, une construction pour le moins insolite : tout est lisse, rond, bombé et blanc. Avec ses ouvertures concaves ou convexes, c’est une maison avec des yeux pour voir et non l’inverse. Nous sommes chaleureusement accueillis par son propriétaire qui nous laisse circuler à l’intérieur dans un labyrinthe de réseaux et d’espaces lisses et lumineux meublés de quelques éléments design des années 1960-1970. Il nous explique avoir eu le coup de foudre pour cette construction datant de 1970, époque où s’est développé ce concept de maisons tout en rondeur, sans angles ni surfaces planes appelées bulles et édifiées entièrement en béton.
Après cette incursion au XXe s. nous nous retrouvons devant l’hôtel Pélissier, situé en plein centre du village, magnifique édifice du 18e actuellement propriété de la commune et qui a été sauvé de la ruine grâce à l’acharnement du maire actuel. Nous l’avions visité il y a deux ans lors des travaux de restauration et nous avons pu admirer la totale rénovation. C’est Joseph de Pélissier, Président du Tribunal ecclésiastique de Carpentras qui le fit construire au milieu du 18e s. Il est bâti en U autour d’une cour intérieure et la façade est très sobre. Le rez-de-chaussée abrite une cuisine qui dispose d’une cheminée monumentale, une salle à manger et une pièce faisant office de point tourisme. La cage d’escalier est somptueuse avec une très belle rampe en fer forgé. Le premier étage est composé d’une grande galerie qui sert pour les réunions du conseil municipal, de salons et de chambres ainsi que d’une petite chapelle. Toutes ces pièces ornées de cheminées, de boiseries, de trumeaux et de plafonds finement moulurés ont été refaites avec un goût parfait : les peintures dans des tons de pastel, les rideaux, les lustres et quelques meubles d’époque donnent vie à l’ensemble.
Nous terminons la journée chez Monsieur Jean Paul Léonard, propriétaire de l’hôtel d’Aultane. Cette construction remonte au 12e et 13e s. et a été remaniée au 18e. Au rez-de chaussée, nous découvrons une salle à manger et cuisine avec sa grande cheminée et son tournebroche médiéval à contrepoids. Nous accédons à l’étage par un escalier à vis, de belles portes 17e ouvrent sur un grand salon jaune et autre rouge, tous deux du 18e avec de fines gypseries et trumeaux, un charmant cabinet de travail et une chambre à alcôve.
M. Léonard ne nous laisse pas repartir sans un passage par son souterrain qui serpente sous sa propriété mais dont l’issue a été murée et personne ne sait où il aboutit !